Depuis la fin de saison, je pense ne pas être la seule à tenter de m’occuper en attendant la reprise. Alors à force de fureter sur la moindre petite info’ tennis inédite sur les réseaux sociaux, je ne pouvais pas passer à travers l’apparition de cagnottes participatives chez nos joueurs français parcourant le circuit ITF, ni manquer la lettre de Tomas Buchhass à cette même organisation. Ainsi, pour nous éclairer un peu sur l’état actuel des choses, j’ai contacté les principaux concernés et à l’occasion, ai décidé de donner exceptionnellement deux voix à cette interview. C’est au final un seul et unique témoignage bien qu’il soit double, qu’il se différencie par les personnalités, le parcours et l’histoire de chacun mais se fasse en même temps écho par endroits, (car au final, il est le même pour tous les joueurs arpentant le circuit secondaire), celui de Grégoire Jacq et Jérôme Inzerillo.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Grégoire Jacq – Je m’appelle Grégoire Jacq, enchanté ! J’ai 21 ans, suis actuellement 722 à l’ATP, et sur le circuit depuis fin 2012. Ça fait donc maintenant plus de deux ans et… ça va plutôt bien ! J’ai choisi de me lancer à fond en juillet dernier ; après mes deux premières années de STAPS je n’ai pas pu continuer car c’était impossible de concilier les deux, tennis et études. J’ai donc fait le choix qu’il était nécessaire de faire.
Jérôme Inzerillo – Inzerillo Jérôme, 675 à l’ATP, 24 ans et sur le circuit professionnel depuis l’âge de 17 ans.
Si vous deviez retenir un unique fait marquant à propos de vos carrières respectives…
Grégoire Jacq – Mouilleron (Le-Captif, où se déroulent les Internationaux de Tennis de Vendée) contre Nico Mahut ! C’est la plus grosse expérience que j’ai vécue, dans un grand stade, avec du monde et puis face à Nico c’est encore un peu plus spécial. (Issu des qualifications, Grégoire s’était finalement incliné au bout d’une belle bataille 6/4 4/6 6/1)
Jérôme Inzerillo – Le plus marquant, je dirai ma première victoire en Future en Espagne.
Si vous deviez décrire ce que représente le tennis pour vous en un ou quelques mots…
Jérôme Inzerillo – Le tennis représente toute ma vie, j’ai commencé à l’âge de six ans et n’ai jamais arrêté sauf en raison de blessure. Je m’y entraîne chaque jour, suis passionné, joueur et aime cette tension que procurent les matchs.
Grégoire Jacq – Plaisir. Adrénaline. Créativité. Et artistique pour finir.
A quel âge vous êtes vous dits « Je serai joueur professionnel » et pourquoi ?
Grégoire Jacq – A quel âge je l’ai décidé ? Il y a deux ans. Pas avant, car je suis de ceux qui disent que tu ne peux pas savoir à l’avance à treize ans si tu vas être joueur, c’est tellement, tellement dur. D’ailleurs, je suis tombé hier sur cette statistique intéressante : plus d’un quart du top 100 en ce moment est trentenaire. C’est quand même monstrueux. C’est-à-dire que la Fédération qui cherche la perle à douze, treize ans, pour moi elle peut toujours continuer à la chercher. C’est vraiment compliqué, très compliqué, c’est un long chemin à parcourir. Enfin… toi tu connais nos galères. J’ai toujours aimé jouer, mais j’ai décidé de me lancer là très récemment et avec du recul sur les choses, avec mon Baccalauréat, mes deux années de Licence. Avant, tu ne peux que difficilement prévoir. Tu t’entraînes pour, mais qui te dit que tu vas y arriver ?
Jérôme Inzerillo – Depuis assez jeune, puisque j’ai tout gagné à ce moment-là et du coup, c’était ce qui me paraissait la suite logique, et la voie que je voulais suivre.
Quel est pour vous votre meilleur atout ?
Jérôme Inzerillo – Mon meilleur atout, je dirai mon revers (à une main), ma vision du jeu et mon abnégation : je ne lâche rien jusqu’au bout.
Grégoire Jacq – Sur les coups, c’est plutôt mon revers, puisque c’est toujours assez stable, je sais que je ne commets que peu de faute et que je fais assez mal avec. Après, je pense que j’ai un autre atout plus psychologique : je prends énormément de recul sur les mots « victoire » et « défaite » et ce qui en découle. C’est-à-dire que pendant le match, je n’y pense pas trop, ça m’enlève une bonne pression et du coup je m’éclate sur le court de manière générale.
On le voit d’ailleurs sur ta page Facebook, j’ai toujours été étonnée du recul rapide et de la hauteur prise que l’on ressent dans tes statuts, même à l’issue de défaites.
Grégoire – Oui ! Je ne suis pas du genre à être déçu pendant des heures. Après, ça dépend. En même temps, depuis que j’ai créé ma page tout s’est très bien passé (+ 200 places à peu près en six mois), je n’ai pas connu de période vraiment dure pour le moment depuis. Les défaites, il y en a, mais j’aime bien en retirer le positif on va dire.
Votre meilleur souvenir cette saison-ci et sur l’ensemble de vos carrières ?
Jérôme Inzerillo – Mon meilleur souvenir est une période globale, c’est l’année 2012 où j’ai vraiment bien joué et gagné deux tournois Futures puis enchaîné avec un quart de final en Challenger. En ce qui concerne 2014, je dirai en Juin quand j’ai gagné à nouveau un Future en Pologne après ce long break dû aux blessures.
Grégoire Jacq – Mon match contre Nico toujours pour 2014. Mais j’ai un autre très bon souvenir, ma victoire contre Nicolas Renavand alors que je jouais mon deuxième Future, je sortais de nul part, personne ne me connaissait ! J’avais pris mon premier point la semaine d’avant, et là, deuxième tour je me retrouve à jouer Renavand qui était alors 260-270 et faisait une super saison. Je gagne 7/6 7/5 et le lendemain dans les journaux il y avait toute une page qui parlait de ce match, c’était vraiment sympa !
Rentrons maintenant dans le vif du sujet : la cagnotte. Comment l’idée vous est-elle venue ? La considérez-vous comme un projet viable sur du long-terme ? A quelle somme êtes-vous actuellement et quel est l’objectif final ?
Jérôme Inzerillo – J’ai vu plein de joueurs qui faisaient ça, je me suis dit pourquoi pas moi, je n’ai jamais rien demandé à personne donc c’était l’occasion. En ce moment elle est à 560 euros, et oui je pense que c’est un projet viable car l’aide que je reçois en terme de dons est récompensée par des contreparties. L’idéal je ne sais pas vraiment, j’aurais tendance à dire le maximum possible car toute aide est la bienvenue et me sera forcément bénéfique.
Grégoire Jacq – ça m’est venu en voyant celle d’Ugo Nastasi. J’ai trouvé que c’était une bonne idée, car je savais que j’avais pas mal de monde, de potes autour de moi désireux de m’aider. Donc je me suis lancé, et maintenant je vois que tout le monde en fait. Bref, je ne vais pas dire ce que j’en pense. C’est honnêtement mieux que ce que je pensais, car il y a un peu plus de 1000 euros dessus actuellement. C’est honorable, ça m’aide, et ça vient en partie de mes amis : ceux du lycée, les potes universitaires, ceux du tennis… J’ai eu pas mal de dons, parce que j’en ai besoin ; je ne suis pas de ceux qui roulent sur l’or. C’est compliqué parce que tout le monde dit et sait que voyager aide à prendre des points. J’ai 29 points, quasiment tous pris en France sauf exception. On dit même que ces points valent double puisque c’est très fort en France, très dense, le niveau moyen est fort. Après c’est autre chose : voyager, c’est d’autres conditions, il faut s’acclimater et ce n’est pas forcément facile. Mais j’ai hâte d’essayer, j’ai hâte de partir, d’aller chercher plein de points à l’étranger parce que j’ai tout simplement envie d’y arriver.
(Toujours) très honnêtement c’est un peu comme au tennis, par réflexe je ne me donnais pas vraiment d’objectif. Je l’ai mise sur un an, mais je n’ai pas d’idéal prédéfini. Je pense qu’il faut essayer, que j’ai attendu longtemps alors que j’en avais les capacités. Il faut me lancer, tout le monde me disait de le faire d’ailleurs même avant ! Pendant deux ans on m’a dit « mais qu’est-ce que tu fous à faire des études, joue au tennis tu peux y arriver ! »
Concrètement à quoi va vous servir l’argent reçu ? Que pensez-vous qu’il soit nécessaire de faire pour promouvoir vos cagnottes au maximum ?
Jérôme Inzerillo – Il va me servir à voyager, à payer ma structure d’entraînement, mais aussi à payer mon entraîneur pour qu’il m’accompagne en tournoi. Oui, je pense qu’il est nécessaire de promouvoir mon projet : c’est important la visibilité. Le simple fait d’en parler, ou dans des articles… Je pense également que les contreparties sont importantes ; quand on fait un don, recevoir quelque chose en retour, même un petit quelque chose, c’est sympa pour les gens.
Grégoire Jacq – Majoritairement à voyager donc. Un coach, c’est impossible pour le moment. Comme je le dis souvent, c’est déjà difficile de m’amener moi-même, alors amener quelqu’un… c’est inenvisageable. Je m’entraîne à la ligue, je ne paie rien heureusement. Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai des conditions un peu… compliquées. On verra donc, comment ça évolue et comment ça se passe financièrement. Mais c’est vrai que c’est un des piliers du projet que tu ne peux pas te permettre de négliger. Pour la promotion… Avant de venir ici (Master Universitaire à Rennes) j’ai fait deux exhibitions dans des clubs, pour parler, la communication est très importante ! Je ne sais pas si c’est moi, mais je trouve d’ailleurs qu’il y a de plus en plus de plaintes sur le système ITF ; Buchhass qui a écrit une lettre ouverte… Je vois bien pendant les exhibitions, beaucoup de monde me pose des questions et au final, la vérité c’est que malheureusement, personne ne sait. Si tu ne suis pas vraiment le circuit, tu ne sais pas ce qui se passe vraiment pour nous. C’est terrible, la différence, c’est terrible. Mais même dans les autres sports ! J’entendais notre kiné qui est judoka évoquer les prize que Teddy Riner a pu toucher pour ses titres de Champion Olympique et Champion du Monde. C’est une misère, c’est ridicule et là même à côté du tennis ! Donc voilà, quand je vois qu’ils augmentent la dotation de l’Open d’Australie… C’est nous qui déboursons dans l’histoire, et c’est vraiment délicat et compliqué.
Quelques anecdotes qui relèvent justement des problèmes financiers du circuit ITF ?
Grégoire Jacq – Je ne suis pas (encore) de ceux qui ont beaucoup voyagé, mais j’en ai eu une qui m’a fait assez mal : sur un Future en Belgique, je joue Alexandre Folie au premier tour. Je perds en trois sets, mais on a joué deux heures et demie, il faisait 35 degrés, l’horreur. Premier tour de Future. J’arrive devant le Juge Arbitre, lui demande mon prize money : 63€. En sachant que j’avais des frais d’hôtel et de nourriture à payer. 63€ avec les taxes ! C’était 77 initialement, pas non plus de quoi s’affoler. 63€. J’ai failli les laisser sur le bureau. Ils devraient avoir honte de nous donner ça. Mais bon, c’est comme ça.
Jérôme Inzerillo – J’en ai tout un paquet d’anecdotes ! La plus marquante je pense qu’il s’agit de la fois où, avec Arthur Vibert on est arrivés au Danemark, et la vie là-bas était vraiment chère. On connaissait un joueur qui y habitait, et il nous a proposé de nous héberger chez ses parents. On a donc dit oui, mais le seul problème c’est qu’ils habitaient super loin du club et que le tournoi ne s’est jamais occupé de ça, jamais occupé de nous. On était super gênés, on dormait dans le même lit qui était soit disant un lit une place et demie, et encore… Bref, une catastrophe. La deuxième, je dirai en Egypte cette année, ils nous donnaient des balles vraiment pourries pour l’entraînement et du coup on ne pouvait jamais en achever un seul puisque les balles étaient toutes crevées au bout de vingt minutes. En Tunisie, impossible d’avoir une bouteille d’eau pour les matchs.
Ce qui m’a vraiment choquée, ce sont les amendes données pour forfait tardif même s’il est justifié et appuyé par un avis ou certificat médical. Je discutais avec un joueur cet été qui s’est retrouvé à payer 500$ d’amende alors qu’il n’était vraiment pas en état de jouer et pouvait le prouver. Qu’est-ce qui vous révolte le plus sur ce circuit ? J’imagine que quand on voit que les dotations des Grand Chelem augmentent encore alors que le Circuit secondaire est laissé en l’état actuel, ça ne doit rien arranger.
Jérôme Inzerillo – Oh oui, les amendes c’est une blague, ils en donnent, ils récoltent beaucoup d’argent par contre ils ne redistribuent rien à personne, les gains sont inchangés en Futures depuis vingt ans. C’est une honte, c’est vraiment ce qui me révolte le plus. Nous sommes un peu des vaches à lait ! On paie et on se tait, on n’a rien à dire.
Grégoire Jacq – C’est ridicule. Ils font des qualifications de 128 joueurs à 37$ l’inscription, ce qui fait environ 30€. Si on fait le calcul, rien que pour ça, ils touchent déjà pas loin de 4000€ pour deux à trois jours de matchs. Des tournois Futures, il y en a quasiment toute l’année, partout dans le monde, dix à vingt par semaine en moyenne… Plus les amendes, le player zone pour pouvoir rentrer dans les qualifications des Challengers, 250€ à l’année! C’est vraiment compliqué, on a tous le sentiment que c’est l’usine et qu’on ne peut rien faire pour changer ça. On ne peut pas se sentir autrement qu’ignorés ou délaissés, c’est impossible. Encore, à Mouilleron par exemple, au moins tu sens que les gens ont une estime, une forme de reconnaissance pour toi en tant que joueur et ton travail. Tu joues des matchs en Futures mais alors là, c’est dramatique ! Il y a deux personnes qui se battent en duel dans le public, souvent toi qui fait partie des deux… Et on peut être sûr que les autres gens qui viennent n’y connaissent rien et nous méprisent de ce fait, tu les entends aussi bien que nous lors de nos matchs sur ces tournois !
Intervention de Salomé qui la démangeait depuis au moins dix minutes – Pourquoi alors choisir d’être sportif professionnel quand tu as d’avance connaissance de toutes ces difficultés ?
Grégoire Jacq – Parce que c’est une passion avant toute chose, pour mon cas du moins j’en suis sûr. Je joue au tennis depuis que j’ai trois ans, j’ai toujours aimé ça, même maintenant que j’y suis à 200%. Je m’attendais à avoir un petit peu de pression, et au final mine de rien tu vis des expériences de dingue (comme aujourd’hui, je me retrouve à jouer pour la France, c’est du plaisir quoi qu’il en coûte, des frissons, de l’adrénaline !), même si c’est un réel gouffre financier. Et puis tu ne sais jamais, tu peux y arriver. Si tu le fais, que tu t’installes dans les 100… par exemple, je connais très bien Pierre-Hugues (Herbert), on a d’ailleurs longtemps cru qu’on était cousins. Maintenant qu’il n’est pas loin d’intégrer le top 100, il s’en sort très bien, il a tellement été contraint à dépenser entre les Juniors, le Circuit… Que maintenant, il voit l’autre bout du tunnel on va dire. Et puis forcément arrivé à un certain stade, c’est normal tu n’as pas envie de t’arrêter là, déjà si tu es dans les 100, tu as les quatre premiers tours de Grand Chelem à chaque fois c’est 25 000$ (+ ou -), ça fait une petite année à 100 000 déjà. Par contre, en vingt ans, il me semble que les dotations en Futures n’ont pas bougé. Plutôt calme de ce côté-ci. Les gens ne se rendent pas compte… En fait, ce qui est dur, c’est d’expliquer des choses aux gens qui n’y connaissent rien, parce que quand tu dis à ces personnes « je suis 700ème mondial » évidemment ils te répondent que tu es une bille et te rient au nez. Donc tu peux leur expliquer tout ce que tu veux derrière, ils vont te mépriser, ils n’ont pas conscience du niveau qu’on peut avoir. Ce n’est pas non plus du très haut niveau, mais nous ne sommes pas à des années lumières… Enfin, pour ma part je trouve que le fossé se réduit, la preuve j’ai fait ces trois sets sur Mahut qui a été top 100… Il y a en plus toujours plus de joueurs qui parlent à ce sujet. Mais je ne sais pas, j’ai l’impression qu’à chaque fois, c’est un caillou dans la mare. Au moins ça prouve qu’on est solidaires !
Avec vos projets notamment et les joueurs qui s’expriment de plus en plus sur le sujet (Laurent Rochette cet été pour la Gazette du Tennis, Tomas Buchhass dans sa lettre ouverte…), on sent quand même une certaine effusion, les gens prennent de plus en plus conscience de la difficulté du circuit que vous devez traverser pour espérer atteindre les sphères du très haut niveau. Qu’est-ce qu’il faudrait à d’après vous pour réellement faire réagir l’ITF ?
Jérôme Inzerillo – Je pense avoir la bonne idée, il faudrait boycotter une ou plusieurs semaines de tournois pour leur faire comprendre que nous ne sommes pas contents. Comme ça, l’ITF perdra de l’argent, les tournois aussi et nous aurions peut-être une chance d’être écoutés.
Grégoire Jacq – Je ne sais pas… Je pense que nous perdrions plus que l’ITF à faire une grève. Il y a un moment donné aussi où c’est à eux de réagir, quand ils voient tout ça, tous les joueurs qui parlent et dénoncent les conditions dans lesquelles on est obligés d’évoluer… Mais ils adoptent peut-être la bonne stratégie en ne réagissant pas. C’est de la politique aussi, de laisser couler.
Qu’est-ce que des stats comme « 30 victoires en Challenger = perdre au premier tour d’un Grand Chelem » vous évoquent-elles ? Rejoignez-vous Buchhass et Rochette dans leurs déclarations ?
Grégoire Jacq – C’est malheureusement la vérité… Évidemment que je les rejoins, c’est l’union, on sait tous par quoi on passe, même ceux qui s’en sont sortis le gardent en mémoire. J’ai vu par exemple que Federer avait donné sa prime de Coupe Davis à Lammer et Chiudinelli pour qu’ils continuent à jouer, parce que même lui a conscience que ces gars-là galèrent au niveau où ils sont… Bien sûr que je les rejoins, tout le monde devrait les rejoindre ! Ce n’est pas normal qu’en France, on gagne plus d’argent que sur le reste du circuit à l’étranger. Ce n’est pas normal.
Jérôme Inzerillo – On voit tout le problème dans cette simple phrase, les gains sont mal répartis, mais ça fait partie du jeu aussi.. Je les rejoins tout à fait, qui prétendrait le contraire serait fou !!
Est-ce qu’on peut quand même dégager un aspect positif à ce circuit ?
Jérôme Inzerillo – Pour moi, c’est clairement le partage de moments inoubliables dans les galères, je pense que cela fait la beauté du sport, en baver pour réussir d’une certaine façon c’est beau.
Grégoire Jacq – Hormis sur ce que j’ai déjà évoqué, l’aspect positif c’est que tu joues des matchs que tu ne pourrais jouer nul part ailleurs autrement. C’est la carotte au bout du bâton, mais au final une carotte assez grosse pour t’attirer… Moi c’est ma flamme, mon adrénaline de pouvoir jouer. Ça faisait un mois que je m’entraînais avant de venir ici à Rennes, et à la fin j’étais fou ! Parce que j’avais envie de jouer, de faire le con, des coups entre les jambes… Si tu n’as pas ça… Après ça dépend des caractères, il y a peut-être des gros besogneux qui peuvent faire six heures d’entraînement par jour pendant trois mois et en redemander, mais je ne sais pas comment ils font. J’ai besoin de ça, c’est de la compétition, et maintenant c’est tellement devenu quelque chose de normal puisque rien n’a bougé depuis des années, que tout le monde y va sans vraiment se poser de question. Tu as l’impression que si on nous disait « pour jouer, il faut que vous vous coupiez un bras » tout le monde se couperait le bras pour pouvoir continuer à jouer malgré tout. C’est dommage, mais c’est comme ça.
Quel est ton objectif principal en visu pour 2015 ? Pourquoi avoir fait le choix de jouer beaucoup à l’étranger la saison dernière ?
Jérôme Inzerillo – Finir l’année 250 mondial. J’avais besoin de points et de jouer pas mal de matchs, puis me retrouver un peu seul pour voir si l’envie était toujours présente. Voilà pourquoi je suis beaucoup parti. Je pense jouer beaucoup plus de tournois en France cette année, du moins cet été.
Qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de cet article pour qu’ils adhèrent et croient en vos projets autant que vous y croyez vous aujourd’hui ?
Jérôme Inzerillo – Peut-être rappeler mon palmarès étant jeune et mon envie de continuer malgré toutes les difficultés que j’ai pu avoir par le passé, je parle des blessures. Et puis, on dit que la maturité arrive à 25 ans, donc ça sera mon année:)) et qu’ils seront aussi récompensés pour leurs dons, quels qu’ils soient.
Grégoire Jacq – Je n’ai pas envie d’être individualiste ni de parler que de moi, j’ai juste envie de dire aux gens qu’il faut qu’ils aient de l’estime envers nous et ce que nous faisons. Qu’il faut stopper ces comportements de critique constante… J’ai discuté avec Rémi Boutillier, qui était aux États-Unis. Là-bas, tu dis que tu as envie d’être numéro un mondial, tout le monde fait tout pour que te pousser à réussir, te tirer le plus haut possible.Ici, tu dis la même chose, on te rit au nez. Donc voilà, j’ai envie de dire, venez voir un tournoi, un Future, nous ne sommes pas des billes, c’est notre profession. Venez voir le niveau, après on discute. Mais quand on ne sait pas et qu’on n’a pas cherché à voir plus loin que ça… C’est vraiment mieux de ne rien dire. C’est stupide, de mettre des commentaires, de tailler sur Internet. L’ignorance est la meilleure des réponses à ça tellement c’est bas. Ensuite, à titre personnel, j’y crois puisque j’ai très bien commencé, j’ai la sensation que je peux encore progresser. Sur les deux derniers mois, je n’ai pas perdu en dessous de 200, j’ai battu Millot, Guez, Rufin, fait trois sets sur Mahut. Donc c’est quand même encourageant. J’y crois et si vous avez envie de m’aider, vous pouvez le faire.
Pouvez-vous rappeler, s’il y en a, les contreparties proposées dans votre projet de cagnotte ?
Grégoire Jacq – A part donner des nouvelles et évidemment vous remercier, je ne peux pas me permettre grand chose de plus.
Jérôme Inzerillo – Il y a beaucoup de choses différentes, c’est-à-dire raquettes en nombre limité, montre et capteur Artengo, tenue complète, journée d’entraînement, badge sur le polo.
Merci encore à Jérôme et Grégoire pour leur temps, en lien sur leurs prénoms leurs cagnottes participatives.
Vous pouvez les retrouver sur Twitter (@JeromeInzerillo @JacqGreg) ou sur Facebook pour Grégoire.
Retrouvez également Jérôme dans la FAQ du Forum L’Espace Tennis LET.
Margaux