« En 20 ans les dotations des Futures n’ont pas changé » Itw double

Depuis la fin de saison, je pense ne pas être la seule à tenter de m’occuper en attendant la reprise. Alors à force de fureter sur la moindre petite info’ tennis inédite sur les réseaux sociaux, je ne pouvais pas passer à travers l’apparition de cagnottes participatives chez nos joueurs français parcourant le circuit ITF, ni manquer la lettre de Tomas Buchhass à cette même organisation. Ainsi, pour nous éclairer un peu sur l’état actuel des choses, j’ai contacté les principaux concernés et à l’occasion, ai décidé de donner exceptionnellement deux voix à cette interview. C’est au final un seul et unique témoignage bien qu’il soit double, qu’il se différencie par les personnalités, le parcours et l’histoire de chacun mais se fasse en même temps écho par endroits, (car au final, il est le même pour tous les joueurs arpentant le circuit secondaire), celui de Grégoire Jacq et Jérôme Inzerillo.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Grégoire Jacq – Je m’appelle Grégoire Jacq, enchanté ! J’ai 21 ans, suis actuellement 722 à l’ATP, et sur le circuit depuis fin 2012. Ça fait donc maintenant plus de deux ans et… ça va plutôt bien ! J’ai choisi de me lancer à fond en juillet dernier ; après mes deux premières années de STAPS je n’ai pas pu continuer car c’était impossible de concilier les deux, tennis et études. J’ai donc fait le choix qu’il était nécessaire de faire.

Jérôme Inzerillo – Inzerillo Jérôme, 675 à l’ATP, 24 ans et sur le circuit professionnel depuis l’âge de 17 ans.

Si vous deviez retenir un unique fait marquant à propos de vos carrières respectives…

Grégoire Jacq – Mouilleron (Le-Captif, où se déroulent les Internationaux de Tennis de Vendée) contre Nico Mahut ! C’est la plus grosse expérience que j’ai vécue, dans un grand stade, avec du monde et puis face à Nico c’est encore un peu plus spécial. (Issu des qualifications, Grégoire s’était finalement incliné au bout d’une belle bataille 6/4 4/6 6/1)

Jérôme Inzerillo – Le plus marquant, je dirai ma première victoire en Future en Espagne.

Si vous deviez décrire ce que représente le tennis pour vous en un ou quelques mots…

Jérôme Inzerillo – Le tennis représente toute ma vie, j’ai commencé à l’âge de six ans et n’ai jamais arrêté sauf en raison de blessure. Je m’y entraîne chaque jour, suis passionné, joueur et aime cette tension que procurent les matchs.

Grégoire Jacq – Plaisir. Adrénaline. Créativité. Et artistique pour finir.

A quel âge vous êtes vous dits « Je serai joueur professionnel » et pourquoi ?

Grégoire Jacq – A quel âge je l’ai décidé ? Il y a deux ans. Pas avant, car je suis de ceux qui disent que tu ne peux pas savoir à l’avance à treize ans si tu vas être joueur, c’est tellement, tellement dur. D’ailleurs, je suis tombé hier sur cette statistique intéressante : plus d’un quart du top 100 en ce moment est trentenaire. C’est quand même monstrueux. C’est-à-dire que la Fédération qui cherche la perle à douze, treize ans, pour moi elle peut toujours continuer à la chercher. C’est vraiment compliqué, très compliqué, c’est un long chemin à parcourir. Enfin… toi tu connais nos galères. J’ai toujours aimé jouer, mais j’ai décidé de me lancer là très récemment et avec du recul sur les choses, avec mon Baccalauréat, mes deux années de Licence. Avant, tu ne peux que difficilement prévoir. Tu t’entraînes pour, mais qui te dit que tu vas y arriver ?

Jérôme Inzerillo – Depuis assez jeune, puisque j’ai tout gagné à ce moment-là et du coup, c’était ce qui me paraissait la suite logique, et la voie que je voulais suivre.

Quel est pour vous votre meilleur atout ?

Jérôme Inzerillo – Mon meilleur atout, je dirai mon revers (à une main), ma vision du jeu et mon abnégation : je ne lâche rien jusqu’au bout.

Grégoire Jacq – Sur les coups, c’est plutôt mon revers, puisque c’est toujours assez stable, je sais que je ne commets que peu de faute et que je fais assez mal avec. Après, je pense que j’ai un autre atout plus psychologique : je prends énormément de recul sur les mots « victoire » et « défaite » et ce qui en découle. C’est-à-dire que pendant le match, je n’y pense pas trop, ça m’enlève une bonne pression et du coup je m’éclate sur le court de manière générale.

On le voit d’ailleurs sur ta page Facebook, j’ai toujours été étonnée du recul rapide et de la hauteur prise que l’on ressent dans tes statuts, même à l’issue de défaites.

Grégoire – Oui ! Je ne suis pas du genre à être déçu pendant des heures. Après, ça dépend. En même temps, depuis que j’ai créé ma page tout s’est très bien passé (+ 200 places à peu près en six mois), je n’ai pas connu de période vraiment dure pour le moment depuis. Les défaites, il y en a, mais j’aime bien en retirer le positif on va dire.

Votre meilleur souvenir cette saison-ci et sur l’ensemble de vos carrières ?

Jérôme Inzerillo – Mon meilleur souvenir est une période globale, c’est l’année 2012 où j’ai vraiment bien joué et gagné deux tournois Futures puis enchaîné avec un quart de final en Challenger. En ce qui concerne 2014, je dirai en Juin quand j’ai gagné à nouveau un Future en Pologne après ce long break dû aux blessures.

Grégoire Jacq – Mon match contre Nico toujours pour 2014. Mais j’ai un autre très bon souvenir, ma victoire contre Nicolas Renavand alors que je jouais mon deuxième Future, je sortais de nul part, personne ne me connaissait ! J’avais pris mon premier point la semaine d’avant, et là, deuxième tour je me retrouve à jouer Renavand qui était alors 260-270 et faisait une super saison. Je gagne 7/6 7/5 et le lendemain dans les journaux il y avait toute une page qui parlait de ce match, c’était vraiment sympa !

Rentrons maintenant dans le vif du sujet : la cagnotte. Comment l’idée vous est-elle venue ? La considérez-vous comme un projet viable sur du long-terme ? A quelle somme êtes-vous actuellement et quel est l’objectif final ?

Jérôme Inzerillo – J’ai vu plein de joueurs qui faisaient ça, je me suis dit pourquoi pas moi, je n’ai jamais rien demandé à personne donc c’était l’occasion. En ce moment elle est à 560 euros, et oui je pense que c’est un projet viable car l’aide que je reçois en terme de dons est récompensée par des contreparties. L’idéal je ne sais pas vraiment, j’aurais tendance à dire le maximum possible car toute aide est la bienvenue et me sera forcément bénéfique.

Grégoire Jacq – ça m’est venu en voyant celle d’Ugo Nastasi. J’ai trouvé que c’était une bonne idée, car je savais que j’avais pas mal de monde, de potes autour de moi désireux de m’aider. Donc je me suis lancé, et maintenant je vois que tout le monde en fait. Bref, je ne vais pas dire ce que j’en pense. C’est honnêtement mieux que ce que je pensais, car il y a un peu plus de 1000 euros dessus actuellement. C’est honorable, ça m’aide, et ça vient en partie de mes amis : ceux du lycée, les potes universitaires, ceux du tennis… J’ai eu pas mal de dons, parce que j’en ai besoin ; je ne suis pas de ceux qui roulent sur l’or. C’est compliqué parce que tout le monde dit et sait que voyager aide à prendre des points. J’ai 29 points, quasiment tous pris en France sauf exception. On dit même que ces points valent double puisque c’est très fort en France, très dense, le niveau moyen est fort. Après c’est autre chose : voyager, c’est d’autres conditions, il faut s’acclimater et ce n’est pas forcément facile. Mais j’ai hâte d’essayer, j’ai hâte de partir, d’aller chercher plein de points à l’étranger parce que j’ai tout simplement envie d’y arriver.

(Toujours) très honnêtement c’est un peu comme au tennis, par réflexe je ne me donnais pas vraiment d’objectif. Je l’ai mise sur un an, mais je n’ai pas d’idéal prédéfini. Je pense qu’il faut essayer, que j’ai attendu longtemps alors que j’en avais les capacités. Il faut me lancer, tout le monde me disait de le faire d’ailleurs même avant ! Pendant deux ans on m’a dit « mais qu’est-ce que tu fous à faire des études, joue au tennis tu peux y arriver ! »

Concrètement à quoi va vous servir l’argent reçu ? Que pensez-vous qu’il soit nécessaire de faire pour promouvoir vos cagnottes au maximum ?

Jérôme Inzerillo – Il va me servir à voyager, à payer ma structure d’entraînement, mais aussi à payer mon entraîneur pour qu’il m’accompagne en tournoi. Oui, je pense qu’il est nécessaire de promouvoir mon projet : c’est important la visibilité. Le simple fait d’en parler, ou dans des articles… Je pense également que les contreparties sont importantes ; quand on fait un don, recevoir quelque chose en retour, même un petit quelque chose, c’est sympa pour les gens.

Grégoire Jacq – Majoritairement à voyager donc. Un coach, c’est impossible pour le moment. Comme je le dis souvent, c’est déjà difficile de m’amener moi-même, alors amener quelqu’un… c’est inenvisageable. Je m’entraîne à la ligue, je ne paie rien heureusement. Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai des conditions un peu… compliquées. On verra donc, comment ça évolue et comment ça se passe financièrement. Mais c’est vrai que c’est un des piliers du projet que tu ne peux pas te permettre de négliger. Pour la promotion… Avant de venir ici (Master Universitaire à Rennes) j’ai fait deux exhibitions dans des clubs, pour parler, la communication est très importante ! Je ne sais pas si c’est moi, mais je trouve d’ailleurs qu’il y a de plus en plus de plaintes sur le système ITF ; Buchhass qui a écrit une lettre ouverte… Je vois bien pendant les exhibitions, beaucoup de monde me pose des questions et au final, la vérité c’est que malheureusement, personne ne sait. Si tu ne suis pas vraiment le circuit, tu ne sais pas ce qui se passe vraiment pour nous. C’est terrible, la différence, c’est terrible. Mais même dans les autres sports ! J’entendais notre kiné qui est judoka évoquer les prize que Teddy Riner a pu toucher pour ses titres de Champion Olympique et Champion du Monde. C’est une misère, c’est ridicule et là même à côté du tennis ! Donc voilà, quand je vois qu’ils augmentent la dotation de l’Open d’Australie… C’est nous qui déboursons dans l’histoire, et c’est vraiment délicat et compliqué.

Quelques anecdotes qui relèvent justement des problèmes financiers du circuit ITF ?

Grégoire Jacq – Je ne suis pas (encore) de ceux qui ont beaucoup voyagé, mais j’en ai eu une qui m’a fait assez mal : sur un Future en Belgique, je joue Alexandre Folie au premier tour. Je perds en trois sets, mais on a joué deux heures et demie, il faisait 35 degrés, l’horreur. Premier tour de Future. J’arrive devant le Juge Arbitre, lui demande mon prize money : 63€. En sachant que j’avais des frais d’hôtel et de nourriture à payer. 63€ avec les taxes ! C’était 77 initialement, pas non plus de quoi s’affoler. 63€. J’ai failli les laisser sur le bureau. Ils devraient avoir honte de nous donner ça. Mais bon, c’est comme ça.

Jérôme Inzerillo – J’en ai tout un paquet d’anecdotes ! La plus marquante je pense qu’il s’agit de la fois où, avec Arthur Vibert on est arrivés au Danemark, et la vie là-bas était vraiment chère. On connaissait un joueur qui y habitait, et il nous a proposé de nous héberger chez ses parents. On a donc dit oui, mais le seul problème c’est qu’ils habitaient super loin du club et que le tournoi ne s’est jamais occupé de ça, jamais occupé de nous. On était super gênés, on dormait dans le même lit qui était soit disant un lit une place et demie, et encore… Bref, une catastrophe. La deuxième, je dirai en Egypte cette année, ils nous donnaient des balles vraiment pourries pour l’entraînement et du coup on ne pouvait jamais en achever un seul puisque les balles étaient toutes crevées au bout de vingt minutes. En Tunisie, impossible d’avoir une bouteille d’eau pour les matchs.

Ce qui m’a vraiment choquée, ce sont les amendes données pour forfait tardif même s’il est justifié et appuyé par un avis ou certificat médical. Je discutais avec un joueur cet été qui s’est retrouvé à payer 500$ d’amende alors qu’il n’était vraiment pas en état de jouer et pouvait le prouver. Qu’est-ce qui vous révolte le plus sur ce circuit ? J’imagine que quand on voit que les dotations des Grand Chelem augmentent encore alors que le Circuit secondaire est laissé en l’état actuel, ça ne doit rien arranger.

Jérôme Inzerillo – Oh oui, les amendes c’est une blague, ils en donnent, ils récoltent beaucoup d’argent par contre ils ne redistribuent rien à personne, les gains sont inchangés en Futures depuis vingt ans. C’est une honte, c’est vraiment ce qui me révolte le plus. Nous sommes un peu des vaches à lait ! On paie et on se tait, on n’a rien à dire.

Grégoire Jacq – C’est ridicule. Ils font des qualifications de 128 joueurs à 37$ l’inscription, ce qui fait environ 30€. Si on fait le calcul, rien que pour ça, ils touchent déjà pas loin de 4000€ pour deux à trois jours de matchs. Des tournois Futures, il y en a quasiment toute l’année, partout dans le monde, dix à vingt par semaine en moyenne… Plus les amendes, le player zone pour pouvoir rentrer dans les qualifications des Challengers, 250€ à l’année! C’est vraiment compliqué, on a tous le sentiment que c’est l’usine et qu’on ne peut rien faire pour changer ça. On ne peut pas se sentir autrement qu’ignorés ou délaissés, c’est impossible. Encore, à Mouilleron par exemple, au moins tu sens que les gens ont une estime, une forme de reconnaissance pour toi en tant que joueur et ton travail. Tu joues des matchs en Futures mais alors là, c’est dramatique ! Il y a deux personnes qui se battent en duel dans le public, souvent toi qui fait partie des deux… Et on peut être sûr que les autres gens qui viennent n’y connaissent rien et nous méprisent de ce fait, tu les entends aussi bien que nous lors de nos matchs sur ces tournois !

Intervention de Salomé qui la démangeait depuis au moins dix minutes – Pourquoi alors choisir d’être sportif professionnel quand tu as d’avance connaissance de toutes ces difficultés ?

Grégoire Jacq – Parce que c’est une passion avant toute chose, pour mon cas du moins j’en suis sûr. Je joue au tennis depuis que j’ai trois ans, j’ai toujours aimé ça, même maintenant que j’y suis à 200%. Je m’attendais à avoir un petit peu de pression, et au final mine de rien tu vis des expériences de dingue (comme aujourd’hui, je me retrouve à jouer pour la France, c’est du plaisir quoi qu’il en coûte, des frissons, de l’adrénaline !), même si c’est un réel gouffre financier. Et puis tu ne sais jamais, tu peux y arriver. Si tu le fais, que tu t’installes dans les 100… par exemple, je connais très bien Pierre-Hugues (Herbert), on a d’ailleurs longtemps cru qu’on était cousins. Maintenant qu’il n’est pas loin d’intégrer le top 100, il s’en sort très bien, il a tellement été contraint à dépenser entre les Juniors, le Circuit… Que maintenant, il voit l’autre bout du tunnel on va dire. Et puis forcément arrivé à un certain stade, c’est normal tu n’as pas envie de t’arrêter là, déjà si tu es dans les 100, tu as les quatre premiers tours de Grand Chelem à chaque fois c’est 25 000$ (+ ou -), ça fait une petite année à 100 000 déjà. Par contre, en vingt ans, il me semble que les dotations en Futures n’ont pas bougé. Plutôt calme de ce côté-ci. Les gens ne se rendent pas compte… En fait, ce qui est dur, c’est d’expliquer des choses aux gens qui n’y connaissent rien, parce que quand tu dis à ces personnes « je suis 700ème mondial » évidemment ils te répondent que tu es une bille et te rient au nez. Donc tu peux leur expliquer tout ce que tu veux derrière, ils vont te mépriser, ils n’ont pas conscience du niveau qu’on peut avoir. Ce n’est pas non plus du très haut niveau, mais nous ne sommes pas à des années lumières… Enfin, pour ma part je trouve que le fossé se réduit, la preuve j’ai fait ces trois sets sur Mahut qui a été top 100… Il y a en plus toujours plus de joueurs qui parlent à ce sujet. Mais je ne sais pas, j’ai l’impression qu’à chaque fois, c’est un caillou dans la mare. Au moins ça prouve qu’on est solidaires !

Avec vos projets notamment et les joueurs qui s’expriment de plus en plus sur le sujet (Laurent Rochette cet été pour la Gazette du Tennis, Tomas Buchhass dans sa lettre ouverte…), on sent quand même une certaine effusion, les gens prennent de plus en plus conscience de la difficulté du circuit que vous devez traverser pour espérer atteindre les sphères du très haut niveau. Qu’est-ce qu’il faudrait à d’après vous pour réellement faire réagir l’ITF ?

Jérôme Inzerillo – Je pense avoir la bonne idée, il faudrait boycotter une ou plusieurs semaines de tournois pour leur faire comprendre que nous ne sommes pas contents. Comme ça, l’ITF perdra de l’argent, les tournois aussi et nous aurions peut-être une chance d’être écoutés.

Grégoire Jacq – Je ne sais pas… Je pense que nous perdrions plus que l’ITF à faire une grève. Il y a un moment donné aussi où c’est à eux de réagir, quand ils voient tout ça, tous les joueurs qui parlent et dénoncent les conditions dans lesquelles on est obligés d’évoluer… Mais ils adoptent peut-être la bonne stratégie en ne réagissant pas. C’est de la politique aussi, de laisser couler.

Qu’est-ce que des stats comme « 30 victoires en Challenger = perdre au premier tour d’un Grand Chelem » vous évoquent-elles ? Rejoignez-vous Buchhass et Rochette dans leurs déclarations ?

Grégoire Jacq – C’est malheureusement la vérité… Évidemment que je les rejoins, c’est l’union, on sait tous par quoi on passe, même ceux qui s’en sont sortis le gardent en mémoire. J’ai vu par exemple que Federer avait donné sa prime de Coupe Davis à Lammer et Chiudinelli pour qu’ils continuent à jouer, parce que même lui a conscience que ces gars-là galèrent au niveau où ils sont… Bien sûr que je les rejoins, tout le monde devrait les rejoindre ! Ce n’est pas normal qu’en France, on gagne plus d’argent que sur le reste du circuit à l’étranger. Ce n’est pas normal.

Jérôme Inzerillo – On voit tout le problème dans cette simple phrase, les gains sont mal répartis, mais ça fait partie du jeu aussi.. Je les rejoins tout à fait, qui prétendrait le contraire serait fou !!

Est-ce qu’on peut quand même dégager un aspect positif à ce circuit ?

Jérôme Inzerillo – Pour moi, c’est clairement le partage de moments inoubliables dans les galères, je pense que cela fait la beauté du sport, en baver pour réussir d’une certaine façon c’est beau.

Grégoire Jacq – Hormis sur ce que j’ai déjà évoqué, l’aspect positif c’est que tu joues des matchs que tu ne pourrais jouer nul part ailleurs autrement. C’est la carotte au bout du bâton, mais au final une carotte assez grosse pour t’attirer… Moi c’est ma flamme, mon adrénaline de pouvoir jouer. Ça faisait un mois que je m’entraînais avant de venir ici à Rennes, et à la fin j’étais fou ! Parce que j’avais envie de jouer, de faire le con, des coups entre les jambes… Si tu n’as pas ça… Après ça dépend des caractères, il y a peut-être des gros besogneux qui peuvent faire six heures d’entraînement par jour pendant trois mois et en redemander, mais je ne sais pas comment ils font. J’ai besoin de ça, c’est de la compétition, et maintenant c’est tellement devenu quelque chose de normal puisque rien n’a bougé depuis des années, que tout le monde y va sans vraiment se poser de question. Tu as l’impression que si on nous disait « pour jouer, il faut que vous vous coupiez un bras » tout le monde se couperait le bras pour pouvoir continuer à jouer malgré tout. C’est dommage, mais c’est comme ça.

Quel est ton objectif principal en visu pour 2015 ? Pourquoi avoir fait le choix de jouer beaucoup à l’étranger la saison dernière ?

Jérôme Inzerillo – Finir l’année 250 mondial. J’avais besoin de points et de jouer pas mal de matchs, puis me retrouver un peu seul pour voir si l’envie était toujours présente. Voilà pourquoi je suis beaucoup parti. Je pense jouer beaucoup plus de tournois en France cette année, du moins cet été.

Qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de cet article pour qu’ils adhèrent et croient en vos projets autant que vous y croyez vous aujourd’hui ?

Jérôme Inzerillo – Peut-être rappeler mon palmarès étant jeune et mon envie de continuer malgré toutes les difficultés que j’ai pu avoir par le passé, je parle des blessures. Et puis, on dit que la maturité arrive à 25 ans, donc ça sera mon année:)) et qu’ils seront aussi récompensés pour leurs dons, quels qu’ils soient.

Grégoire Jacq – Je n’ai pas envie d’être individualiste ni de parler que de moi, j’ai juste envie de dire aux gens qu’il faut qu’ils aient de l’estime envers nous et ce que nous faisons. Qu’il faut stopper ces comportements de critique constante… J’ai discuté avec Rémi Boutillier, qui était aux États-Unis. Là-bas, tu dis que tu as envie d’être numéro un mondial, tout le monde fait tout pour que te pousser à réussir, te tirer le plus haut possible.Ici, tu dis la même chose, on te rit au nez. Donc voilà, j’ai envie de dire, venez voir un tournoi, un Future, nous ne sommes pas des billes, c’est notre profession. Venez voir le niveau, après on discute. Mais quand on ne sait pas et qu’on n’a pas cherché à voir plus loin que ça… C’est vraiment mieux de ne rien dire. C’est stupide, de mettre des commentaires, de tailler sur Internet. L’ignorance est la meilleure des réponses à ça tellement c’est bas. Ensuite, à titre personnel, j’y crois puisque j’ai très bien commencé, j’ai la sensation que je peux encore progresser. Sur les deux derniers mois, je n’ai pas perdu en dessous de 200, j’ai battu Millot, Guez, Rufin, fait trois sets sur Mahut. Donc c’est quand même encourageant. J’y crois et si vous avez envie de m’aider, vous pouvez le faire.

Pouvez-vous rappeler, s’il y en a, les contreparties proposées dans votre projet de cagnotte ?

Grégoire Jacq – A part donner des nouvelles et évidemment vous remercier, je ne peux pas me permettre grand chose de plus.

Jérôme Inzerillo – Il y a beaucoup de choses différentes, c’est-à-dire raquettes en nombre limité, montre et capteur Artengo, tenue complète, journée d’entraînement, badge sur le polo.

Merci encore à Jérôme et Grégoire pour leur temps, en lien sur leurs prénoms leurs cagnottes participatives.

Vous pouvez les retrouver sur Twitter (@JeromeInzerillo @JacqGreg) ou sur Facebook pour Grégoire.

Retrouvez également Jérôme dans la FAQ du Forum L’Espace Tennis LET.

Margaux

« Nous avons la chance d’avoir un véritable circuit »

Depuis le temps que je voulais m’intéresser de plus près au Handisport (Flavien si tu passes par là), l’occasion s’est présentée dans le cadre de mes études. Voici donc l’interview de Stéphane Houdet, numéro 2 mondial en Tennis Fauteuil qui réalise cette année le Grand Chelem en double et finalise 2014 sur une victoire en double au Masters de Londres. L’orientation de cette interview est quelque peu différente des précédentes pour les habitués, puisque dans le cadre de notre Mémoire sur le Handisport, nous devions nous intéresser de plus près au sponsoring et partenariats financiers. J’ai choisi de la partager ici et vous laisse donc la découvrir.

SH

Stéphane, comment avez-vous trouvé votre tout premier sponsor ?

Stéphane Houdet – Il faut en revenir au Handigolf puisque je le pratiquais avant d’être joueur de Tennis Fauteuil. J’avais un déjeuner avec le directeur d’un laboratoire vétérinaire que je connaissais. A la fin du repas, il m’a totalement pris de cours en me demandant « Alors, tu veux combien ? » Je n’étais pas préparé à ça, j’avais quelques chiffres en tête, lui aussi. Il a fini par conclure qu’il me faisait un chèque aujourd’hui et un autre dans six mois.

Dans cette discipline, diriez-vous que les sponsors sont plus difficiles à trouver que dans celle que vous pratiquez actuellement ?

Stéphane HoudetOui, pour le Handigolf c’est beaucoup plus dur. Tout d’abord car nous n’avons que le statut de joueur amateur : nous ne pouvons pas faire de communication sur nos partenaires. A la place nous organisons des conférences afin d’informer sur ce que nous faisons, ce qui nous permettra ensuite de pouvoir jouer au golf. De plus, ce n’est pas une discipline paralympique ce qui ne facilite vraiment rien.

Quels sont les « prize money » pour un vainqueur de Grand Chelem au Tennis Fauteuil ?

Stéphane HoudetLe vainqueur en simple à Roland-Garros touche 22 000€ (NDLR un peu plus de 9 millions d’euros pour le vainqueur en simple au tennis valide). C’est la plus grosse dotation que propose le circuit. 15 000$ à l’US Open (sans compter les 30% de taxes), 8000$ à l’Open d’Australie (dont on peut déduire nos frais) et 8500$ à Wimbledon. Pour tous les autres tournois les dotations des vainqueurs tournent autour des 1500-2000$, et ensuite la moitié pour le finaliste, la moitié de la moitié pour le demi-finaliste etc. En double, c’est complètement dérisoire puisque le vainqueur va seulement toucher 20% du prize money du vainqueur en simple. On ne peut pas en vivre si on ne compte que sur ça.

Quel est votre bilan financier pour 2014 ?

Stéphane HoudetJe ne l’ai pas dans le détail mais la majeure partie en est prise en charge par les sponsors.

Quel est justement le coup global d’une saison ?

Stéphane HoudetIl est variable pour chaque joueur. Tout dépend de s’il voyage avec une équipe (kiné, coach, sparring partner) ou tout seul, s’il loge à l’hôtel pendant les tournois ou chez des amis, s’il va jouer dix tournois dans l’année ou la totalité, s’il a un sponsor raquettes, équipementier… En tout cas, si un joueur voulait faire ce que je fais actuellement, il lui faudrait un budget global de 200 000€. Il est d’autant plus difficile d’établir un budget précis de par la présence de nombreux bénévoles impliqués dans le Handisport. Il peut y avoir des saisons à 10 000€ comme d’autres à 200 000€.

Quel est le coût du matériel spécifique pour une saison de Tennis Fauteuil ?

Stéphane HoudetL’élément central est évidemment le fauteuil. Celui que j’ai actuellement représentait 4500€ pour son chassis et 4000€ pour les roues. Mais celui de demain sur lequel je travaille actuellement avec une équipe de chercheurs représentera un budget global de 100 000€ : ce sera une vraie Formule 1 ! Le changement majeur consistera à jouer à genoux au lieu d’être en position assise, ce qui dans l’ensemble va donner plus de dynamisme, une meilleure respiration et circulation sanguine tout en engageant le bassin, ce qui optmisera la puissance de frappe. Je suis aussi en train de voir avec mon équipementier pour faire (comme Djokovic, Federer ou Nadal avant moi pour ne citer qu’eux) rallonger mes raquettes.

Quelle est la durée de vie moyenne d’un fauteuil ?

Stéphane HoudetCelui que j’utilise actuellement, je l’ai depuis les Jeux de Pékin donc 2009. Il a déjà été réparé et peut encore continuer, c’est un peu comme les vélos.

Quelles sont donc les autres recherches majeures dans le domaine du Handisport ? Qu’est-ce qu’il faut encore faire avancer ?

Stéphane Houdet Il y a eu d’énormes évolutions et elles sont toujours en cours : sur les prothèses, leur énergie et leur qualité de propulsion, sur les fauteuils aussi (agrandissement des mains courantes – les cerclages de métal attenants aux pneus – pour gagner de la vitesse, probables nouveaux modèles de freins, l’inclinaison des roues …).

Pouvez-vous nous citer en vrac les entreprises françaises qui apportent leur soutien ou partenariat financier au Handisport ? Quelles sont vos principaux sponsors ?

Stéphane HoudetCorima pour mon fauteuil, qui est entre autre aussi partenaire de l’équipe Astana sur le Tour de France. Babolat en tant qu’équipementier, Spring Court dont je suis égérie vestimentaire. J’ai aussi un contrat avec Ben&Ross une marque de montre. L’ensemble de mes sponsors est consultable sur mon site Internet http://www.stephanehoudet.com/ dans la rubrique partenaires.

Pensez-vous qu’il est plus difficile de dégoter des sponsors quand on est Handisportif à l’étranger ?

Stéphane HoudetNon, chaque pays a ses avantages et ses inconvénients. Mais il y a évidemment une forme de concurrence et de rivalité internationale entre les principaux sponsors, et ce surtout au travers des joueurs qui les représentent. Je prends l’exemple d’Uniqlo qui est pourtant sponsor titre du circuit et partenaire de mon principal adversaire en simple, Shingo Kunieda. Étant chez Honda, on sait qu’en ce moment par exemple c’est à travers nous que rivalisent les sponsors. Nous avons de la chance car le tennis fauteuil est un véritable circuit qui propose 160 à 180 épreuves par an, et se joue tout au long de l’année. On offre ainsi plus de visibilité à nos sponsors. Les athlètes qui ne participent qu’à quelques compétitions dans l’année ou vont seulement aux Jeux Paralymiques, ça se complique encore pour eux en terme de partenariat puisqu’ils offrent un retour sur investissement moindre à leurs sponsors.

Nous constatons de plus en plus de joueurs qui font appel au grand public via des cagnottes et du mécénat afin de financer leur passion. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une solution viable ?

Stéphane HoudetC’est la nouvelle forme de financement moderne, et au final ça s’assimile plutôt au partenariat classique. Après, quels en sont véritablement les résultats ? C’est toujours la même histoire, plus le joueur est connu plus il va recevoir de financements tandis que celui un peu moins bien classé et qui ne s’est pas forcément illustré auprès du grand public va avoir plus de mal à récolter des fonds. Je ne sais pas si vous faites allusion à Nicolas Pfeifer, mon partenaire en Équipe de France. Il a demandé 10 000€, quand on reprend mon estimation pour une saison globale à 200 000€, c’est une goutte d’eau, une somme dérisoire.

Revenons-en à votre expérience en tant que consultant audio-visuel pour Eurosport. Racontez-nous comment ça a commencé et vos motivations.

Stéphane HoudetC’est à la suite d’une rencontre avec le directeur marketing d’Eurosport durant un salon de la moto. Alors que nous parlions de tout autre chose il a eu par la suite l’idée de cette association : me faire commenter du tennis en direct. C’est quelque chose que j’aime beaucoup, et ce qui m’a réellement plu c’est qu’il s’agisse de ne pas seulement commenter du Tennis Fauteuil. Ils voulaient l’expérience et l’éclairage d’un vainqueur de Roland-Garros. Ainsi, je suis vu comme un joueur de tennis comme les autres et non pas appartenant à une classe particulière. J’ai donc commenté les tableaux finaux Hommes et Femmes à Roland-Garros, ainsi qu’à l’US Open. C’est en en cours de discussion pour l’Open d’Australie.

Quelles sont les chaînes qui possèdent les droits TV pour les compétitions handisportives ?

Stéphane HoudetFrance TV pour les Jeux Paralympiques et les Championnats du Monde. Après, c’est du coup par coup, des appels d’offre. De plus toutes les compétitions ne sont pas rediffusées. C’est différent en France et dans le reste du monde.

Êtes-vous parrain ou engagé dans des associations pour le Handisport ?

Stéphane Houdet – Oui, je suis parrain du Fonds Handicap Vendée qui vient en aide dans la région à toutes les formes de handicap, y compris aux entourages. Je suis également l’ambassadeur d’une autre association qui s’occupe de la distribution de prothèses à travers le monde, ainsi que de la formation des prothésistes.

Un immense merci à Stéphane Houdet pour ses réponses et le temps qu’il m’a consacrée (mon journal d’appels peut témoigner d’à quel point ça a été compliqué!) et des remerciements spéciaux à Valérie, Cathy et Salomé pour les idées et le soutien moral.

Margaux

« On the Road to the ATP World Tour »

Je dois en être à peu près à mon cinq-cent millionième « merci » aujourd’hui, mais oui un grand merci à Valérie et Jules pour cette surprise qui m’a fait très très très plaisir. Je vous laisse la découvrir par vous même…

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Valérie – Bonjour Jules, peux-tu nous dire où tu es actuellement et comment tu as atterri sur ce tournoi ?

Jules Marie – Je suis à Londres pour la Master Cup grâce à mon sponsor Tecnifibre, dans le cadre du programme « On the road to the ATP World Tour ».

Valérie – Raconte-nous un peu comment s’organisent tes interventions auprès des meilleurs mondiaux ?

Jules – Je sais la veille au soir à quoi ressemblera approximativement mon programme mais il peut changer à tout  moment de la journée. Par exemple, je devais jouer avec Raonic hier soir, il m’a décommandé pour aller à l’hôpital. Ce matin je devais rejouer avec lui mais il a joué avec Lubijic. J’ai joué une heure avec Berdych entre deux. Et je devais taper la balle avec Stan Wawrinka cet après-midi, mais en fin de compte il s’est entraîné avec Magnus Norman. En général, quand ils sont en jour off ça dure une heure, et en jour de match 30 minutes.

Valérie – Est-ce que cela met la pression de se retrouver face à eux ? On doit avoir la trouille de mettre la balle dans le filet non ?

Jules – Oui, on a les bras et les jambes un peu crispés, on a peur de mettre la balle faute, et si on le fait, on ne peut pas le faire deux fois de suite ! Mais au fur et à mesure de l’entraînement, on se détend et ça devient agréable.

Valérie – Lequel des joueurs présent suscite le plus ton admiration et pourquoi ?

Jules – Roger ! Parce que c’est le meilleur joueur de tous les temps et que je le suis depuis longtemps !

Valérie – Comment est l’ambiance dans ce tournoi ?

Jules – C’est vraiment la folie ! C’est le plus gros tournoi indoor au monde. L’entrée des joueurs donne vraiment des frissons. Les jeux de lumière sont formidables et épatants !!

Valérie – Avais-tu déjà eu cette expérience de sparring partner et si oui, avec qui ?

Jules – Non, c’est la première fois.

Valérie – Revenons sur ton année (quatre victoires en Future notammeent), qui a vu une belle remontée à ton classement ; es-tu satisfait ? Quels sont tes objectifs pour la saison prochaine ?

Jules – Oui, j’ai quatre victoires en Future, deux en Serbie, une en Iran et une en Norvège. Je suis remonté à la 262ème place mondiale, ce qui va me permettre de jouer les qualifications de l’Open d’Australie. Mon objectif est de monter dans les 200 et de jouer les quatre Grand Chelem de suite.

Valérie – Dernière question : si Jules Marie faisait le Masters, qui voudrait-il comme sparring partner ?

Jules – Mon frère jumeau, Arthur Marie !

« Me focaliser au maximum sur mon jeu » Interview de P2H

A 23 ans, Pierre-Hugues Herbert a atteint la semaine passée son meilleur classement en simple (109). Bien qu’il ait entre temps perdu des points et soit redescendu à la 122ème place mondiale, le top 100 ne semble plus être qu’une question de (peu de) temps. L’occasion en cette presque fin de saison de revenir avec lui sur ces derniers mois qui le poussent « doucement mais sûrement » vers le haut.

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Il y a un an, tu as été la révélation du grand public à Bercy. Quels changements as-tu pu noter après cette semaine ? Y a-t-il un « avant/après Bercy » ?

P-H Herbert – Personnellement, ça n’a rien changé, je suis resté le même. Mais après c’est sûr que d’avoir bien joué dans un tournoi pareil m’a fait connaître un peu plus auprès du grand public. Ce n’est pas encore une reconnaissance incroyable car je suis loin d’avoir gagné Bercy, j’en ai seulement atteint le deuxième tour mais ça aide déjà, ne serait-ce qu’au niveau partenaires. Tu te fais un peu plus connaître donc cela t’apporte des facilités, et encourage surtout à vouloir revenir sur ce genre de tournoi. Ça a été une prise de conscience de réaliser que je pouvais être fort sur un Masters 1000, et m’a poussé à tout faire pour aller sur le grand circuit. Ce qui marche à son rythme pour le moment, ça progresse oui.

Petit retour en arrière. Tu connais la politique du blog et j’aimerais ton regard extérieur sur ce circuit secondaire, ces Futures que tu ne joues désormais plus.

P-H Herbert – 2014 est la première année de ma vie où je n’en ai pas faits ! Ce qui est plutôt une bonne chose, car ce ne sont pas vraiment les meilleurs endroits pour jouer au tennis. Je n’en garde pas forcément un mauvais souvenir pour autant, même si j’y ai passé pas mal de temps par rapport à d’autres qui sont montés plus vite. Deux, trois ans, ce n’est pas forcément évident mais le circuit en lui-même l’est encore moins : il y a de plus en plus de joueurs qui jouent bien et finalement… (interruption inattendue de Michaël Llodra, Emmanuel Planque et Lucas Pouille qui laissera cette phrase en suspens) De toute façon, que ce soit sur le circuit Challenger, le circuit principal où celui des Futures, les matchs il faut les gagner et on fait face à des gars qui jouent de mieux en mieux au tennis, c’est de plus en plus dense. On le voit bien qu’aujourd’hui les jeunes passent plus de temps – sauf exceptions – sur ces Futures et sont plus nombreux. Au final je n’en garde pas forcément un mauvais souvenir mais suis malgré tout content d’être sur le circuit Challenger et principal ! Ne serait-ce qu’au niveau revenus ou conditions, on est quand même mieux accueillis et on arrive déjà plus à en vivre sur le Grand Circuit.

Une anecdote particulière d’un mauvais moment en Future ?

P-H Herbert – Des conditions difficiles ? Même en France jouer un Future en plein hiver, dans une salle où on avoisine les -15 degrés est possible. Les changements des balles qui sont moins réguliers, au bout d’un moment tu te retrouves à jouer avec des pamplemousses, ça n’avance plus. Les arbitres qui ne sont pas aidés car n’ont pas de juges de ligne et ce n’est jamais évident d’être arbitre tout seul sur un match… Par exemple Rodez ce n’est pas forcément le plus rigolo au monde, tu as seulement deux courts, il ne fait pas hyper chaud. Après moi je ne me plains pas, j’étais déjà content de pouvoir jouer les tournois et je le suis encore plus de pouvoir jouer les Challengers. Donc je profite des conditions qui sont exceptionnelles comme ici.

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Comment gères-tu la transition entre un tournoi Challenger par exemple et un Masters 1000 ? Ou vice versa.

P-H Herbert – On sent forcément la différence, les conditions ne sont pas les mêmes. Une anecdote qui me revient, c’est Grégoire Jacq qui m’en parlait : sur les Futures les surfaces sont usées et assez rapides, ici ou sur les autres tournois professionnels elles sont toutes neuves, très abrasives et très lentes. Il y a un changement de balles tous les sept et neuf jeux contre onze et treize en Future… C’est sûr qu’il faut un temps d’adaptation mais je pense que je commence à être prêt. Quand tu joues des Grand Chelem il faut gérer juste l’événement, la pression et pour tout ça je suis encore un peu en apprentissage. Chaque année j’en joue de plus en plus alors j’espère que j’arriverai à tous les jouer sans exception et mieux les gérer avec le temps.

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Quels sont pour toi les temps forts de ta saison ?

P-H Herbert – Il y a eu des bons moments, à commencer par Quimper puisque c’était mon premier Challenger et c’est toujours le seul à mon palmarès actuellement. Ça a été une semaine extrêmement forte de ma saison, qui a été un peu en demi-teinte, il y a eu des très bonnes semaines, des semaines très mauvaises aussi. Quimper fait partie des très bonnes semaines, Roland-Garros même si je perds au premier tour restera une superbe expérience sur le Suzanne Lenglen. Il y a quelques temps j’ai gagné mon premier tournoi ATP 500 en double, une autre expérience incroyable. Et puis également Bâle où j’ai passé trois tours, en faisant un non-match contre Nadal certes. Voilà pour les moments forts, les moins bons je peux en parler aussi : il y a eu une période sur terre où je ne gagnais pas un match, je jouais très mal en simple. Vercelli par exemple ou encore la Tunisie. Ce sont des mauvais moments à passer.

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J’ai lu récemment que tu cherchais un nouveau coach ?

P-H Herbert  – Oui, mon père l’année prochaine va prendre une année pour lui. Ça fait quand même dix ans qu’il me suit et il a aussi des projets personnels à accomplir, il veut aussi bosser sur autre chose. Donc oui j’étais à la recherche et la saison prochaine je vais donc intégrer la Fédération où je serai entraîné par Boris Vallejo qui m’a suivi déjà sur certains tournois cette année. Je vais me rallier un peu à la FFT qui va me donner un coup de main sur la saison prochaine.

On se retrouve actuellement avec plusieurs français entre la 150 et la 100ème place mondiale. Tu arrives à un classement proche de celui de Nicolas Mahut, Kenny de Schepper ou Benoît Paire qui sont redescendus, Lucas Pouille qui arrive derrière… Comment est-ce que tu gères tout ça ?

P-H Herbert  – Je t’avoue que je ne fais pas forcément attention à eux. C’est sûr qu’actuellement je suis aux portes des cent, j’étais 109 la semaine dernière mais avec les points perdus de Bercy je dois être redescendu aux alentours de la 120ème place (122 précisément après vérification). Je n’en suis pas loin mais il y a encore du travail. Je trouve très flatteur d’être arrivé à la hauteur de joueurs comme Mahut ou Kenny qui sont des joueurs très solides. Nico c’est quand même un mec qui a une très belle carrière derrière lui, et même encore devant lui. C’est déjà une fierté, et ensuite le classement ce n’est vraiment pas la chose que je regarde le plus. J’essaie de me focaliser sur mon jeu au maximum, aux progrès que je vais et dois faire, et souvent quand je fais du bon boulot sur le terrain le classement suit automatiquement. Pour passer ce cap des cent il faudrait continuer à ne jouer que le circuit principal et avoir plus de résultats dessus.

Tu parles de progrès à accomplir, quels sont-ils à ton avis ?

P-H Herbert – Sur ma constance surtout. Je trouve que j’ai fait une saison avec des bonnes semaines mais encore trop de semaines mauvaises, c’est ça qui l’a un peu plombée d’ailleurs. Si j’avais eu ce qu’il fallait en terme de résultats, je serai déjà dans les cent aujourd’hui. Il y a trop d’inconstance dans mes résultats.

Comment en êtes-vous venus à vous lancer en double ensemble avec Nicolas Mahut ?

P-H Herbert  – Ce qu’il faut savoir c’est que Nico est un joueur qui a toujours été très gentil avec moi et qui m’a de surcroît toujours assez intéressé. On s’était joués en double il y a trois-quatre ans, il me semble qu’on avait gagné deux fois contre lui en finale avec Nicolas Renavand. Il avait dû voir que je ne m’en sortais pas trop mal, me suivait de près et quand j’ai gagné le 500 de Tokyo, ça m’a permis d’entrer dans le top 100 en double. Ce qui m’a ouvert des portes pour jouer sur le circuit principal tout simplement. Je suis monté 65 mondial, et avec cette victoire ça permettait s’il voulait jouer avec moi d’entrer directement dans les tableaux, par exemple ceux des Grand Chelem. Il y a réfléchi un peu, et c’est lui qui est venu vers moi me le proposer. J’ai été très flatté et ai tout de suite dit oui. Maintenant il faut arriver à se construire là-dessus et faire une bonne équipe de double. Ça va être l’objectif dans les mois à venir.

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Je n’ai pas en tête tous les résultats mais je sais qu’avec Albano vous avez notamment gagné Quimper cette année et fait finale à Cherbourg la semaine suivante. Qu’en est-il de cette équipe de double ?

P-H Herbert  – Non, avec Albano ce n’est pas terminé loin de là. Il a eu des soucis personnels cette année puis de santé désormais. Pour l’instant il n’est pas encore de retour sur le circuit donc de mon côté je me dis qu’il faut aussi que je pense un peu égoïstement à moi. Je suis assez triste de ne plus l’avoir à mes cotés sur le circuit, de ne plus partager grand chose, maintenant ça ne va pas être une période forcément évidente pour lui ; il va falloir déjà qu’il guérisse et ensuite qu’il remonte la pente du classement. Quand il reviendra, en double nous n’aurons plus vraiment le même classement donc on ne pourra pas jouer forcément de tournois ensemble. Mais c’est sûr qu’il est toujours dans un coin de ma tête et si une occasion se présente à un moment de jouer avec lui, ce sera une priorité et un plaisir.

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Davy Sum a parlé en avril, dans l’interview accordée lors de son départ du circuit, de ton père qui l’a lancé sur ce même circuit en lui permettant de jouer ses premiers tournois…

P-H Herbert  – Davy c’est d’abord un alsacien qui a il me semble deux ans de plus que moi, donc je le connais depuis que je suis jeune. Sur les Futures il a eu de bons résultats. Ce que je trouvais un peu triste, mais c’est loin d’être évident, c’est qu’il en ait joués beaucoup trop, on a vite fait pas de s’y complaire mais de tomber dans le « piège des Futures ». Évidemment c’est un circuit en soi mais de préférence sur lequel il faut passer le moins de temps possible, et l’utiliser pour aller plus haut. D’ailleurs, il me semble qu’il dit lui même regretter ne pas avoir joué plus de qualifications de Challengers. Il avait pour moi le potentiel pour aller un peu plus haut. Quitte à ce que ça ne marche pas, ça aurait été l’idéal car c’est là où l’on touche à des joueurs qui ont déjà foulé le grand circuit et de là qu’on apprend le plus.

Le mot de la fin ?

P-H Herbert – Je me souviens encore de mes années sur le circuit Future, je garde ça en tête, je sais d’où je viens et j’espère que je n’y reviendrai pas ! Il faut avancer et profiter du moment.

Et c’est tout ce que nous te souhaitons. Merci encore Pierre-Hugues pour ton temps.

 & Joyeux anniversaire 3 Paires 2 Tennis :*

Résultats ITF/ATP Hommes ; Semaine du 15 au 21 Septembre

Après une longue absence (nécessaire car un break s’imposait, et obligatoire puisque je finis mon CDD de deux mois demain après-midi qui m’a pris 95% de mon temps), me voilà de retour, prête à en découdre et à (re)suivre de près comme de loin le circuit secondaire.

Je m’étais arrêtée pour rappel à Montauban début juillet pour le 15 000$+H (ancien Challenger, P2H en était tenant du titre les deux années précédentes) qui s’y jouait et n’ai même pas trouvé le courage d’en dresser un bilan ; Tristan Lamasine s’était (assez logiquement au vu de son attitude et de son niveau de jeu) imposé suite à une belle semaine. A noter la victoire en double pour la deuxième semaine consécutive de Constant Lestienne et Yanais Laurent. Je tiens encore  à remercier les bénévoles et toute l’équipe pour leur accueil et leur bonne humeur au cours des dix jours, comme à chaque fois je n’ai pas été déçue malgré le temps fluctuant (38 degrés un jour et tempête le lendemain empêchant le bon déroulement du tournoi). Merci aussi aux joueurs toujours volontaires et présents pour me filer un coup de main, ils se reconnaîtront.

Trois français en finale de Futures

Rémi Boutillier. Sur un bel axe de progression ces derniers temps, le jeune homme s’est heurté à la tête de série 1 du tableau et enchaîne donc une deuxième finale consécutive… sur les deux dernières semaines.

Josselin Ouanna. Plutôt absent du circuit suite à des blessures récurrentes cette année, celui qui a brillé à Roland face à Marat Safin il y a quelques années, s’incline à domicile lors de la finale du future français de Plaisir (15 000$ +H).

Mick Lescure (-30 ; 974) ; après avoir atteint sa première demi-finale d’un tableau Future en juillet dernier (Turquie), le français passe un cap et atteint cette semaine sa première finale (avec des victoires successives à top 400 et 500) , où il s’incline en deux sets sur son partenaire de double, le britannique Marcus Willis (380 et tête de série 1 du tournoi tout de même) :

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« Je progresse petit à petit, c’est mieux. Mais il faut continuer à être constant pour monter au plus vite. Je reprends peu à peu confiance en mon jeu après une saison plus difficile, mais c’est surtout dans la tête que ça fonctionne mieux. S’il y a quelque chose à améliorer, c’est me renforcer encore plus physiquement. J’espère que mon premier titre va venir, j’en suis proche désormais. »

Il sera cette semaine sur le tournoi de Vertou (44) avec son meilleur ami Tom Jomby, récemment rentré des Etats-Unis, avant d’enchaîner sur un Future les jours suivants, à Saint-Dizier ou  à l’étranger.

Côté Challenger

Finale Génération 1994

Après une demi-finale la semaine précédente, c’est ce coup-ci jusqu’en finale de Meknes (42 500 €) que le français Lucas Pouille (199 à ce moment-là) parvient à se hisser et ce, avec la manière : victoires consécutives sur les têtes de série 1 (dont Carreno Busta, 68ème mondial !) et 5. C’est le jeune espoir belge, Kimmer Coppejans qui le stoppe à l’issue d’un long match en trois sets. Après une saison parsemée de blessures, Pouille semble plus déterminé que jamais à franchir les étapes qui le séparent du top 100, et ses efforts sont payants : il est, depuis ce lundi, à la 170ème place mondiale.

Au Brésil, c’est Gianni Mina (326) qui brille : il atteint la demi-finale du Challenger sur terre battue de Campinas (40 000$) et enchaîne actuellement à Porto Alegre où Facundo Bagnis (vainqueur de Julien Benneteau au premier tour de RG à l’issue d’un match qui se termina à 18/16 au 5ème set) l’attend d’ores et déjà pour son deuxième tour.

Davy Sum quitte le circuit professionnel

Après deux ans et demi à parcourir le circuit ITF, Davy Sum tourne la page. Confronté hier au deuxième tour du Future d’Angers à son ami Gleb Sakharov, pour ce qui s’est avéré être son dernier match en tant que joueur professionnel, il revient sur cette décision qui ne le laisse tout de même pas de marbre… (NDLR mes excuses pour la mise en page j’essaie de résoudre le problème !)

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– Davy, peux-tu expliquer le pourquoi du comment de cet arrêt un peu soudain ?

Davy Sum – Je me suis lancé sur le circuit professionnel il y a  deux ans et demi, dès que j’ai eu fini mes études aux États-Unis (Bachelor en Business spécialité Marketing). C’était pendant l’été 2011 ; j’ai fait deux ans et demi à fond avec des hauts et des bas bien sûr, et l’an dernier en hiver je me suis fait opérer d’une hernie inguinale. Ça m’a un peu coupé dans mon élan, je suis redescendu au classement et puis je vais avoir 25 ans prochainement donc voilà, j’ai tenté trois ans comme je me l’étais dit. Finalement, j’ai décidé d’arrêter car la motivation n’est plus là et ce n’est pas évident financièrement. Je préférais donc commencer à travailler, dans le domaine sportif toujours. J’ai pris cette décision en étant blessé, j’y ai réfléchi quand j’avais vraiment du temps pour.

– Quel a été ton meilleur classement ?

Davy Sum – J’ai été 585ème joueur mondial en mai 2013.

– Si l’on devait revenir sur ton match…

Davy Sum – C’est un bon match d’adieu. Après je ferai sûrement encore deux ou trois Futures dans l’année mais c’était mon dernier match en tant que véritablement joueur professionnel. En trois sets (4/6 6/4 6/4), presque trois heures et contre Gleb en plus, je pense vraiment que c’était un beau match, bien qu’aller en quart ne m’aurait pas déplu.

– Jouer Gleb, que tu connais plutôt bien, ça n’a pas dû être facile ?

Davy Sum – Ce n’est jamais évident de jouer quelqu’un que l’on connaît, même si ça ne fait vraiment que six mois que l’on se connaît bien, avant je savais qui c’était mais sans plus. Mais on ne s’était jamais joués, c’était l’occasion.

– Comment as-tu commencé sur le circuit, qu’est-ce qui t’en a donné l’envie ?

Davy Sum – Je dois mes débuts à Jean-Roch Herbert, le père de Pierre-Hugues. Il avait dû me voir jouer dans la région, quand j’avais remporté quelques tournois français et m’a proposé de partir avec eux sur une tournée en Lituanie et Lettonie, tous frais payés à condition que je sois le sparring partner de P2H pendant ces deux semaines. Malheureusement, je suis tombé malade (intoxication alimentaire) là-bas après avoir pris mon premier point ATP et n’ai pu m’entraîner avec lui qu’une seule fois ! C’est Loïc Ducourau qui m’a remplacé, et là encore c’est une coïncidence : Loïc était présent sur mon premier tournoi, et sur mon dernier cette semaine puisque nous nous sommes joués au premier tour, ici à Angers.

– Si tu devais garder un souvenir de ces presque trois ans sur le circuit ?

Davy Sum – Il y a plein de moments passées avec d’autres joueurs, en double, en simple, sur les courts ou même en soirée ! J’ai tout plein de petits souvenirs mais ne pourrais pas en choisir un précisément.

– A l’inverse un mauvais ?

Davy Sum – J’étais pourtant dans une bonne série l’été dernier, aucun point à défendre, 585ème mondial et puis je suis tombé malade pendant deux semaines. La reprise a été assez dure, j’ai perdu confiance et dans la tête ça n’allait plus : j’ai dû faire 7-8 semaines de tournois sans gagner un match ou alors faire premier tour et ce, en étant parti loin (Finlande, Danemark) ! On dépense de l’argent pour partir assez loin et finalement on se rend compte qu’on n’a pas envie de jouer ou même plus envie du tout.

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– Des regrets sur ces trois dernières années ?

Davy Sum – Je n’ai fait qu’un seul challenger l’été dernier, et je dois avouer que je regrette de ne pas en avoir fait plus. Je m’y suis un peu mal pris de ne pas être parti jouer de plus gros tournois, car même en faisant une bonne perf’ sur un Future on ne gagne pas énormément de points et le niveau est assez égal entre Future et qualifs de Challenger.

– Des reproches particuliers au circuit ITF ?

Davy Sum – L’aspect financier. C’est un peu scandaleux qu’il y ait si peu d’argent dans les Futures, même s’il s’agit des tournois les plus bas donc logiquement les moins dotés. Mais quand on compare avec les autres sports, les 500 meilleurs joueurs mondiaux au football ont un salaire, je ne sais pas moi, à  6 chiffres tandis que nous… D’un côté c’est normal puisqu’il faut être dans les meilleurs pour percer mais ça reste quand même limite.

– Rien à redire sur l’ambiance entre les joueurs ?

Davy Sum – Elle est bonne dans l’ensemble ; il faut savoir s’entourer et partir avec les bonnes personnes, des affinités se créent. Il y a toujours des conflits mais il suffit d’ignorer. Les tournois où j’ai bien joué j’étais rarement tout seul, très souvent avec un joueur que je connaissais. Ça joue beaucoup sur le mental, tu te retrouves en quart avec un pote qui perd le sien et veut partir sans attendre ton résultat. Du coup, tu as envie de gagner mais en même temps l’idée de rester tout seul à l’étranger… Après c’est toujours le même problème des moyens financiers, si on arrive à partir avec son coach il n’y a jamais de souci. A la place on part avec des joueurs, entre nous.

– Pas de coach qui te suivait sur les tournois ?

Davy Sum – Non, j’avais un coach au club, qui ne pouvait pas se déplacer, financièrement ça aurait été ingérable. Après, je suis plus dans une optique d’avoir quelqu’un pour travailler avec moi en dehors des tournois, me dire quoi corriger pendant l’entraînement. Mais avoir eu les deux aurait été l’idéal.

– Comment te sens-tu maintenant que ce dernier fameux match est joué ?

Davy Sum – Ça me fait quelque chose, forcément, je ne réalisais pas avant mais depuis que le match est fini je commence à voir les choses différemment, c’est vraiment fini. Je ne m’imagine pas totalement poser la raquette, je vais continuer à m’entraîner pour garder mon niveau et faire des tournois français.

– Un dernier mot ?

Davy Sum – Ça me ferait bien rire de recroiser des joueurs, puisque je compte rester dans le domaine du tennis mais sur l’aspect marketing. J’espère les revoir, peut-être les aider puisque j’aurai peut-être plus de moyens et serai capable de comprendre ce qu’ils vivent comme l’ayant déjà vécu.

Et un tomate-mozza ! Margaux

« Une demi en Suisse : – 400 euros ! » Interview de Grégoire Burquier

Quelques jours après sa finale à l’Open Harmonie Mutuelle de Saint Brieuc, Grégoire Burquier, 173ème à l’ATP lundi matin, a accepté de répondre à nos questions  lors d’un entretien téléphonique ;

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– Commençons par le commencement, peux-tu revenir sur ton tournoi à Saint-Brieuc ?

G. Burquier – C’est une bonne semaine ; je m’y suis de suite bien senti et j’ai pu garder un bon niveau de jeu jusqu’en finale. J’avais de grosses ambitions en arrivant…

Dues au fait que tu avais déjà remporté ce Challenger en 2012 ?

G. Burquier – Pas forcément, puisque je l’avais gagné quand il se jouait encore sur terre. Je n’étais pas venu l’an passé et le changement de surface autant que le changement de salle, que je ne connaissais pas du tout, ça donne des repères complètement différents : pour moi, j’étais sur un autre tournoi que celui joué en 2012. Mais ce n’est pas plus mal, j’apprécie ces surfaces un peu lentes. Je voulais vraiment repartir sur de bonnes bases : j’ai fait un très bon début de saison en enchaînant finale sur le Future de Bressuire puis demi sur le Challenger de Quimper. Puis, ça a été un peu plus compliqué, avec un quart sur le Future de Poitiers et une demi en Suisse.

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– Lors de ta finale à Saint-Brieuc, penses-tu que ta chute à 4/4 a été, d’une certaine façon comme lors de ton quart sur Marie, le tournant du match ?

G. Burquier – En dépit de ma fatigue, je pense que jusqu’à ce moment-là nous (NDLR il était opposé à l’allemand Andreas Beck) étions à jeu égal, je m’étais vraiment mis dedans. Ce n’est pas la chute en soi mais le fait que je me sois tordu la cheville en tombant qui a bousculé les choses.

– Tu en subis encore des conséquences aujourd’hui ?

G. Burquier – Oui, je suis toujours blessé à la cheville (et non pas à l’épaule comme il a été dit dans certains journaux), c’est une entorse. J’ai pu reprendre aujourd’hui, mais j’évite les déplacements latéraux pour le moment.

– C’est quand même positif puisque, avec ces 55 points gagnés dimanche, tu te rapproches de ton meilleur classement  (NDLR 167 à l’ATP) !

G. Burquier – Je n’en suis plus vraiment loin ! Rendu à ce classement, c’est plus difficile car il faut prendre beaucoup de points pour peu de places. J’aimerais pouvoir me stabiliser dans les 150, pour la suite on verra.

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– Peut-on évoquer l’arbitrage ; Je t’ai vu, comme j’ai vu la majorité des joueurs cette semaine et comme j’en vois partout, sortir un peu de tes matchs parfois, en cause des points litigieux.

G. Burquier – à Saint-Brieuc, l’arbitrage était correct. C’est le jeu, il y en a partout des points jugés bons qui ne l’étaient pas et vice-versa, sur certains matchs plus que d’autres, on doit faire avec et on le sait. Mais ça ne m’est jamais arrivé de perdre un match à cause de ça.

– J’entendais parler de toi cette semaine comme LE joueur immanquable des Futures. Tu penses que tes deux derniers résultats à Quimper et ici sont un bon présage pour la suite ?

G. Burquier – J’aimerais bien passer au niveau supérieur, comme tout le monde c’est certain ! Il y a trois ans, j’avais de bons résultats en Futures et depuis deux ans je prends surtout mes points sur les Challengers, c’est peut-être un signe que j’avance et c’est tout aussi bien comme ça !

– Toi qui connais les deux, parle-nous donc de cette marche entre ces deux catégories de tournois.

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G. Burquier – C’est une grosse marche ; en Futures, tout est moins bon, en passant de l’organisation aux conditions de jeu. Sur les Challengers, on a le sentiment d’être vraiment considérés comme des joueurs professionnels alors qu’en Futures… C’est une galère permanente. On n’en a pas la même approche quand on est jeune, qu’on commence : on se dit que c’est un cap qu’on va vite passer, on est dans une vision positive des choses. Et puis, plus tard, quand on se retrouve obligés de revenir les jouer pour prendre des points, après avoir connu d’autres tournois et de bien meilleures conditions, c’est plus difficile.

– Mathieu Rodrigues qu’il me semble tu connais plutôt bien, me parlait le week-end dernier du prize money infime qu’il avait touché pour son deuxième tour à Saint-Raphaël (NDLR 120€), et également de rumeurs qui diraient que les Futures dotés à 10 000$ passeraient tous à 15 000$ dans les mois à venir…

G. Burquier – Je ne sais pas si c’est vrai, mais ça ne serait pas négligeable. Quant aux prize money de Futures, je peux citer après ma semaine en Suisse qui comprenait l’hôtel (chambre seule puisque trop petite pour que je me sente de la partager avec quelqu’un), une demi-finale, je tire mon bilan financier : 400 euros de perdus.

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– En dépit des conditions et des pertes d’argent, l’ambiance entre les joueurs a tout de même l’air bonne ? 

G. Burquier – Elle n’est pas mauvaise entre les joueurs français, il y a une entraide qui se met en place ; on s’entraîne ensemble, on se côtoie presque à l’année, ça crée forcément des rapprochements. Même si pour certains ce ne sont pas non plus des potes, qu’il reste une petite rivalité assez naturelle puisque nous ne sommes pas là pour perdre, on  fait avec car c’est toujours mieux que d’être complètement isolé, de ne parler à personne et de manger tout seul.

Un bon souvenir ?

G. Burquier – Mon premier, ça serait à mon commencement. J’ai débuté sur le circuit pro assez tard, à 23 ans lors de ma première année de Masters, car en observant des joueurs qui tentaient l’expérience dans mon entourage et pour qui ça ne marchait pas trop mal, je me suis posé des questions : pourquoi pas moi après tout ? En septembre 2008 donc, un an après m’être lancé, j’étais dans les 1000 ou 900 et j’avais eu une Wild-Card pour le Tableau Final du Challenger de Grenoble ; je bats consécutivement un joueur dans les 120, un autre dans les 200 puis perds en quart sur Nicolas Lapentti, un équatorien alors classé dans les 90-100 mais qui avait été 6ème joueur mondial à son meilleur. Ça a été le début de l’aventure, ce qui m’a propulsé et donné envie de jouer.

Et un mauvais ?

G. BurquierJ’en ai plusieurs… Il y a trois ans, j’ai fait une tournée en Roumanie désastreuse qui a failli me faire tout arrêter : j’en suis rentré blessé au dos, ne pouvais presque plus marcher et voyais noir. Pour moi, c’était la fin, je voulais stopper là. Mais derrière, sûrement parce que j’étais plus relâché dû à cela, j’ai enchaîné de très bons résultats et gagné pas mal de Futures. Un mal pour un bien peut-être…

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– Sur quel tournoi doit-on s’attendre à te voir prochainement ?

G. Burquier – A Vercelli en Italie, la semaine du 21 avril pour un Challenger sur terre.

– Une dernière question qui m’a été donnée pour toi, à quand ton inscription sur Twitter …?

G. Burquier – Pas de suite ! Je n’y vois pas vraiment d’intérêt.

Ce qui a le mérite d’être clair ! Merci encore à Grégoire pour le temps qu’il m’a accordé hier midi, c’était le premier top 200 du site 😉 A venir dans le week-end l’interview d’un autre joueur qui était lui aussi à Saint-Brieuc, des idées ? Toutes mes photos sont à retrouver dans les albums de notre Page Facebook.

Margaux

« C’était incertain que je puisse rejouer un jour » Interview de Teri Groll, quart de finaliste à Toulouse

A 21 ans, Teri Groll, alsacien d’origine, a refait cette semaine ses premiers pas dans un tableau final de Future suite à une longue blessure qui l’avait tenu près d’un an loin des courts… 

TeriGroll

J’ai été arrêté dix mois complets sans match, sept sans toucher à la raquette. Mon opération a eu lieu en avril 2013, ça va bientôt faire un an. Pourquoi cette opération, c’est un peu compliqué à expliquer ; j’ai eu une atrophie à l’épaule, avec un kyste qui empêchait mon muscle de fonctionner, il a complètement fondu. On m’a enlevé le kyste, libéré le nerf pour qu’il puisse fonctionner de nouveau et idem pour le muscle. Ça a pris beaucoup de temps, énormément de rééducation, c’était incertain que je puisse rejouer un jour. J’ai repris tranquillement fin octobre avec des balles en mousse, les matchs le 3 janvier : Feucherolles, Lille, puis ici à Toulouse. C’était la première fois que je regagnais un match, puisqu’aux deux premiers futures j’ai directement perdu au premier tour des qualifications. Mon parcours cette semaine est positif, en dépit d’un tableau pas évident d’entrée : dès les qualifications j’ai déjà dû jouer à -30 en trois sets, -15 au dernier tour, et tête de série 3 au 1er tour du tableau final.

Pour mon épaule, j’ai été mal conseillé par les médecins ; j’en avais consulté plusieurs qui disaient que ce n’était pas très grave, puis j’ai vu un spécialiste de l’épaule, un vrai, qui s’y connaissait et m’a tout de suite dit d’arrêter, m’a presque insulté d’avoir continué à jouer avec ça et m’a dit que je ne pourrai plus jamais jouer. C’est pour ça que même si j’ai mal et que je perds aujourd’hui, c’est du bonheur. On ne réalise pas, quand tu as été arrêté dix mois sans match, c’est irréaliste, le temps est super long. Tu vois surtout que les autres avancent et que toi tu ne peux rien faire, il faut prendre sur soi, c’est le plus dur. Cette semaine est donc une bonne reprise de confiance, je fais quart, prends deux points ce qui veut dire que je me reclasse. Je n’ai pas mal joué franchement avec mon épaule, physiquement c’est dur parce que je dois beaucoup courir, je n’ai pas de point gagnant sur le service puisque ne peux pas encore être dessus à 100%, on me retourne très souvent. Avant mon service était mon point fort, il faut que ça revienne mais ça va prendre du temps. On me l’avait dit, au moins un an pour que je puisse resservir correctement. Mais à partir du moment où tu as l’envie, tout est possible.

Ses sensations et son match du jour : J’ai à nouveau mal à l’épaule depuis hier, j’accumule beaucoup de fatigue : je ne suis pas assez remusclé, d’où le pourquoi ça peut encore être douloureux parfois. Et pourtant, j’en ai fait de la rééducation ; 4 mois et demi non stop tous les jours, c’était insupportable. C’est dommage, j’aurai bien aimé me voir il y a 3 jours contre lui (NDLR Sadio Doumbia). Il laisse pas mal d’opportunités, je pensais qu’il servait mieux. Mais je suis tellement mort… à 5/3 au deuxième je fais un peu n’importe quoi. Au début du match, j’ai su d’entrée que ça allait être long; je ne voulais pas prendre 6/1 au deuxième, même là 3 et 3 c’est sec mais je prends sur moi, j’attends. Le bon moment viendra. Ça reste quand même positif.

Son classement avant sa blessure : J’étais à mes meilleurs classements, français comme ATP (-30, 900).

Sa programmation pour les jours à venir : Repos pour ce week-end, peut-être la Grèce la semaine prochaine avec mon coach, le club et Sébastien Boltz. Ça ne vaut pas trop le coup vu le tableau, mon protect ranking n’est d’aucune utilité pour y rentrer, et les qualifications comptent 64 joueurs… C’est un peu une perte d’argent pour rien, d’où le pourquoi je suis encore incertain. En France je vais peut-être demander Wild-Card qualifications à Saint-Raphaël, je regarderai ça en rentrant mais avant toute chose, je pose la raquette !

Les conditions du Future de Toulouse : Niquel, pour moi Michel Renault est le meilleur juge arbitre des tournois, il fait toujours son maximum pour que ce soit au top. Si, on aurait peut-être pu jouer sur terre (NDLR les courts du club sont en terre battue, deux sur dur ont été aménagés pour le Future). Je n’ai pas joué sur terre depuis 1 an et 10 mois, pour dire ! J’aime bien cette surface, vu que je cours pas mal. Mais ma surface favorite reste le dur extérieur, c’est la vraie surface du tennis. Pour avril il n’y a vraiment rien comme tournoi en France…

Les conditions des futures en général : en France c’est toujours bien car déjà on ne joue qu’un seul match par jour ; avant je jouais beaucoup en Allemagne (près de chez moi, 2-3h en voiture ça me coûtait moins cher), c’était trois tours de qualifications dont deux matchs la même journée, pour rejouer le lendemain, assez dur; Je préfère venir jouer en France.

Une victoire particulière qu’il retient… J’étais -15 il y a trois ans et suis passé -4 dans la même année suite à une blessure au genou, en 2012-2013 je passe de -4 à -30 je jouais vraiment pas mal. à -4 quand je reprends mes points ATP (aucun pendant 2 ans), j’avais gagné sur Gleb Sakharov quand il était 300. Je fais trois futures en Suisse : deux fois quart une fois 1 point en 3 semaines, ça m’avait vraiment relancé toute ma saison, c’est à ce moment que j’étais le mieux, là où j’avais les meilleures sensations. Globalement, je joue 120 matchs sur 2012 en ayant mal à l’épaule un peu sur la fin, ça a vraiment été dur mais au final m’a amené de très bonnes victoires et une belle progression.

Ses objectifs sur l’année dans l’idéal : En terme de classement français, je vais déjà remonter -30 puisque j’ai gagné trois fois en perf, c’était ce que je voulais en deux mois. Même si ça a l’air de rien, mentalement ça fait du bien. C’est difficile de me donner des objectifs après ce que j’ai eu… ça ne veut pas pour autant dire que je n’en ai pas ! Si vraiment je me remets à servir correctement, j’aimerais être sous les 400 à la fin de l’année, ça peut être jouable. Surtout que j’avais vraiment galéré pour monter -30, je remonte pour la 1ère fois et je me blesse. Tout peut se passer, je serai bien une fois passé sous les 400. Il faut rester positif, surtout travailler mon épaule à fond et sans trop forcer (ce que j’ai fait un peu aujourd’hui, mais bon il fallait, maintenant je me repose).

L’ambiance entre les joueurs sur les Futures. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas passé deux jours sur un Future, je vois de nouvelles têtes comme Doumbia, les gars sont super sympas avec moi, je parle un peu avec tout le monde ; j’ai l’impression d’être un martien comme je suis présent de nouveau. Ils me demandent ce que j’ai eu ; quand je suis là aujourd’hui on peut se dire que s’est passé vite mais pour moi non, quand je pense rien qu’à tout ce que j’ai fait en rééducation l’année dernière… sur le moment présent, c’est long.

L’ambiance entre les joueurs en général : C’est la guerre. En temps normal, je ne suis pas très ouvert avec les autres, ceux que je connais me suffisent. Maintenant un peu plus je pense, mais le monde du tennis est un monde de faux-culs. Il faut le dire, le savoir, je l’assume. Tu gagnes un match on te dit « bien joué » mais personne ne le pense. J’ai beaucoup de mal à m’entendre avec les tennismen, certains si. C’est un monde où pas mal de gars sont hautains. Beaucoup de clans se forment rapidement, moi je ne m’en occupe pas, j’ai mes potes et pas besoin d’en avoir d’autres. Il y en a qui n’ont que le tennis toute l’année, quand tu parles avec eux dès le matin au petit déjeuner ils vont parler tennis. Ceux là ne m’attirent pas non plus.

Des noms ? Non, pas de nom ! Mais tu en connais déjà au moins deux ou trois !

Et même dans les pseudo clans qui se forment, les gars s’en envoient les uns sur les autres dans leur dos, le pire reste quand ils se jouent. Sur un match, ça peut être les meilleurs potes, il suffit que ça se passe mal et pendant des années ils ne vont plus se parler après. C’est un sport ingrat, individuel, où tu n’as pas besoin d’amis : c’est pour toi que tu réussis, pas pour les autres.

L’objectif final… Moi à la base je n’étais pas un mec qui voulait être top 5, puisque déjà il faut se shooter pour être top 5 (rires puis : non, je dis ça, mais on le saura un jour). Être sous les 200-150, c’est vraiment là où je me dirai que j’ai réussi. C’est beau quand tu es 150, on ne se rend pas compte, les gens ne peuvent pas réaliser. Mais une fois que j’aurai atteint les 150 mon rêve sera sûrement d’être top 50 etc… Je prends étape par étape, avec ce que j’ai eu en plus je reste lucide et conscient. C’est palier par palier.

Le tournoi qu’il aimerait particulièrement jouer ; Quand j’étais petit mon rêve c’était de jouer l’Open d’Australie, puisque je suis fan d’Hewitt, c’est LE joueur fabuleux pour moi. Tous les tournois, tous. A part Wimbledon, je considère que l’herbe n’est pas une surface de tennis, c’est pour le foot. Roland Garros évidemment, sur Terre battue en France. Déjà jouer des qualifications de Grand Chelem, ça serait beau.

Les conditions des futures et des challengers. Rien qu’au premier tour de qualifications sur un challenger tu joues sur central, avec les ramasseurs de balles…Quand je me suis blessé j’allais les commencer. Il faudrait, ça fait de l’expérience. C’est dur en Future, je me qualifie, je joue quatre matchs et prends seulement 2 points. En challenger juste en te qualifiant tu en prends 3 ou 5. C’est différent, même si ici il n’y a rien à dire sur l’organisation. J’aimerais bien refaire un challenger dans les mois qui viennent. Les futures en France c’est un enfer, ils sont tous soit dans l’ouest soit dans le sud. Il y en a un à Mulhouse plus l’Open de Moselle, ça me fait deux tournois dans l’année pas loin de chez moi. à la base je ne suis pas quelqu’un qui aime voyager, je n’aime pas l’avion.

Financièrement… Jusqu’il y a deux ans c’était principalement mon père qui m’aidait, j’avais aussi quelques petites aides extérieures. Là, ça fait donc deux ans que je suis à l’ASCAP à Sochaux, c’est un club, un espèce de pôle avec un groupe jeunes et un groupe pro qui aide beaucoup financièrement, soutenu par Peugeot. Je ne paie plus qu’un tiers de ma saison et c’est très loin d’être négligeable ; imaginons si ma saison me revenait à 20000, je n’en paierai que 7000 et ainsi de suite. Là, avec mon quart je prends 300$ et ça ne me rembourse même pas le prix de la semaine qui comprend l’hôtel et le trajet. C’est dur de se dire ça, surtout qu’il s’agit du plus petit des petits futures en France. La partie que je paie est prise en charge par mes parents, mon père m’aide depuis toujours, sans ça je ne pourrai plus jouer. Mes parents me soutiennent depuis le début, c’est à cause d’eux que j’ai joué au tennis, ils jouaient aussi tous les deux. Ils sont vraiment présents, après quand tu es blessé, c’est difficile, même s’ils m’ont soutenu j’étais seul face à ma blessure, face aux mois d’arrêt, et à la rééducation.

A Toulouse le 07/03/2014, Margaux

ITF Bagnoles de l’Orne 1er jour TF

Une bonne première journée, toujours aussi froide, au TC de Bagnoles-de-l’Orne.

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Les premiers joueurs à accéder au deuxième tour en simple sont donc le slovaque Juraj Masar (abandon d’Alexis Gautier Q), Calvin Hemery qui fait un très bon match en sortant Gregoire Jacq sur lequel je reviens juste après, Medy Chettar, Thomas Grinberg, et à la plus grande surprise Maxime Janvier Q qui se défait de  Constant Lestienne en deux courts sets 6/4 6/2. Pour ce qui est du double, la seule paire française à s’incliner est Barrere/Eysseric face à la paire tête de série 4. Reprenons les choses chronologiquement ;

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Calvin Hemery

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Gregoire Jacq

Le premier match auquel j’ai assisté était Jacq/Hemery, en compagnie de l’entraîneur du dernier cité qui se trouve être Thierry Tulasne, ex-top 10 et ancien entraîneur de Paul-Henri Mathieu et Gilles Simon entre autres. Il coach aujourd’hui Calvin Hemery, 18 ans et déjà classé 622 à l’ATP ainsi que Laurent Lokoli, 19 ans et 453ème mondial. Après avoir mené 4/1 dans le premier set, Hemery le remporte finalement en s’accrochant 12-10 au tie break. Le deuxième va à Jacq, plus confiant et solide au service malgré la perte du premier, qui fait payer son acharnement ; 6/2. La dernière manche sera à l’image du match, dans l’irrégularité : mené 3/0, Hemery y « croit encore », reste concentré, « profite des erreurs de son adversaire suite au changement de balles » et va chercher la victoire à 6/4.

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Calvin Hemery

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Gregoire Jacq

Thierry Tulasne entraîne Hemery depuis…

« Août dernier. Calvin était en Guadeloupe avant 2013, et vu son niveau, Henri Leconte, directeur du tennis club Levallois, lui a proposé de venir en France, à Paris, afin d’avoir une structure d’entraînement. Vu qu’il jouait très bien, la Fédération lui a ensuite proposé de venir s’entraîner deux à trois fois par semaine à Roland-Garros. Quand il venait, c’était avec son entraîneur et je m’en occupais aussi. Très rapidement, on s’est retrouvés à deux pour l’entraîner et juste avant Roland-Garros, fin mai, Calvin a souhaité n’avoir plus que moi au sein de la structure d’entraînement mise en place là-bas. »

(Calvin avait d’ailleurs réalisé une belle performance à Roland-Garros Junior, perdant en quart de finale et étant le meilleur français du tableau)

Ce qu’il pense d’Hemery

« Super potentiel. Il joue bien, il en veut, il a un physique. Il a déjà bien progressé là-dessus, il peut encore ; parfois il est un peu lent. Il a pour moi une technique qui est vraiment extraordinaire, service, retour, coup droit, revers, volée. On l’entend souvent comparé à Benoît Paire, qui a beaucoup de talent mais est bien moins rigoureux que Calvin, qui a aussi une bonne attitude sur le court. Il s’accroche bien. »

A propos des Futures…

« Je ne les connais pas très bien ces tournois, mais quand je vois comment son adversaire, classé 893 (Gregoire Jacq, NDLR) jouait bien aujourd’hui, je me dis qu’ils ne sont vraiment pas faciles à battre ces gars-là. Je coachais Gilles Simon l’année dernière, qui a été 6 mondial et parmi les dix meilleurs, et honnêtement je trouve qu’il n’y a pas énormément de différence de niveau. Gilles serait là, il ne se baladerait pas forcément. »

La programmation d’Hemery…

« Pour janvier, il va enchaîner les trois Futures français (Bagnoles, Bressuire, Feucherolles), puis tente les qualifications de l’Open Sud. Ensuite il y a Quimper, Marseille et Cherbourg, pour l’instant il reste sur les futures et les challengers en France. Autant profiter des tournois qu’il y a ici. »

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Calvin Hemery

Bilan de son match de premier tour par Hemery

« Avant tout, satisfait d’avoir gagné, car ça n’a pas été facile. Mené à 3/0 dans le dernier, je me suis dit que ça allait être très difficile de revenir, Gregoire jouait vraiment bien, il réussissait tous ses coups. Mais au changement de balles, il a commencé  à faire des erreurs, je me suis mis à mieux jouer, ça a payé. »

Ses débuts sur le circuit…

« Mon premier tournoi c’était Feucherolles en février dernier, j’avais fait deuxième tour et gagné mon premier point ATP. Du coup, ici (à Bagnoles de l’Orne), je n’ai aucun point à défendre, ce n’est que du plus à prendre. » (NDLR en un an, Hemery a gagné plus de 1000 places au classement)

Ses débuts dans le tennis…

« Je ne suis pas né en Guadeloupe mais j’ai vécu là-bas dès mes deux ans. Et c’est aussi là-bas qu’à cinq ans et demi j’ai commencé le tennis, ça va donc bientôt faire treize ans que je joue, sacré bout de temps. »

Son objectif à court terme…

« Faire les qualifications de l’Open d’Australie 2015, donc être dans les 250, 270 meilleurs joueurs mondiaux. Concrètement ça veut dire pour moi prendre à peu près 350 places, en un an, c’est faisable. Je suis très motivé, encore jeune, c’est possible. »

Un joueur qu’il admire…

« Aujourd’hui, je ne dirai plus que j’admire un des joueurs du haut du classement. Plus tu t’en rapproches, moins tu vois la différence entre toi et eux, la marche qui vous sépare. Quand tu es tout en bas, forcément ces gars-là sont des dieux. Plus tu bosses, plus tes efforts paient et ton classement s’améliore, plus tu réalises que tu ne peux pas parler d’admiration en les regardant. Cependant, j’adore et ai toujours adoré Federer, c’est incontestable. »

Les futures

« J’espère que ça ne sera plus pour longtemps ! »

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Double Forcin/Jacq (victoire 7/6 6/4)

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Forcin au service

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Thomas Grinberg

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Double Descloix/Sakharov // De Schepper Jr/Chettar (victoire des premiers cités)

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Gleb Sakharov

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Dorian Descloix

Et la programmation de demain….

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Avec une petite rectification ; Roche s’étant désisté, Maxime Forcin affrontera donc l’italien Matteo Marrai, ex top deux cent, actuellement retombé dans les 1800èmes places.

Propos recueillis à Bagnoles-de-l’Orne le 13/01/13

Margaux

Emeraude Christmas Tour

Hier avaient lieu au Tennis Club de Dinard, en association avec celui de Saint-Malo, les trois derniers matchs de ce tournoi de Noël. Connaissant ma passion pour le tennis féminin, sans compter qu’une de leur demi a décalé mon déjeuner à 15h, ce n’est pas vraiment de cela que je vais traiter dans mon bilan qui tourne, soyez prévenus, autour d’un joueur ; Maxime Forcin (TC Caen), seul -30 sur le tournoi, tenant du titre, qui faisait hier son entrée dans le tableau final et ce directement en demi.

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Cette demi, justement, l’opposait à Manuel Guinard, jeune joueur de 18 ans classé -2/6, qu’il avait déjà battu deux fois auparavant. Cependant, cette fois-ci, le match n’a pas  pris la même tournure ; après un début de set serré à 4/4 où aucun des joueurs n’a lâché son service, le Caennais s’est fait breaker à 5/4 suite à un dysfonctionnement d’arbitrage et n’est pas parvenu à se remettre dans le set ; Guinard saisit l’occasion et s’accapare la première manche 6/4. Pourtant dépassé dans le suivant par un retour en force de Maxime 6/2, Guinard se retrouve à deux jeux du match lors du dernier set ; mené 4/0, Maxime s’accroche et finit par inverser la tendance ; victoire 4/6 6/2 7/5 après un match acharné, déjeuner bien mérité pour tout le monde.

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Réactions de Maxime après sa demi-finale ;

« Je suis arrivé sur le match déjà un peu fatigué physiquement, mais finalement sur ce plan là ça a été. Par contre, au niveau des sensations… C’est une catastrophe et tout le monde l’aura vu. Mon adversaire a mieux joué que son niveau et j’ai moins bien joué que ce que mon classement voudrait. Du coup ça a donné un match serré duquel je me sors en m’accrochant, mais je ne mérite pas de gagner. » 

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Ses débuts dans le tennis et ses études;

« J’ai commencé à l’âge de 6-7 ans, en compétition vers 14-15. Je jouais plus au football qu’au tennis mais vu le nombre d’entraînements que ça induisait, à 15 ans j’ai fait le choix du tennis. J’imagine parce que c’est un sport individuel. Quelques fois je regrette un peu mais quand je vois l’état d’esprit des footeux… ça me rassure ! J’ai eu mon Bac pro Ventes et donné des cours de tennis pour me faire un peu d’argent, mais depuis je ne fais que du tennis. Je me donne encore deux ans à fond sur le circuit ATP et je verrai au bout. »

Son bilan pour 2013 ;

« Médiocre, car je pensais faire mieux au niveau du classement mondial. Après, j’ai eu quelques blessures qui ont coupé ma saison ; rien de grave, mais revenir après deux-trois semaines sans s’entraîner… Dans l’ensemble, j’ai battu tous les joueurs de mon niveau (-30, NDLR). Mais sur les tirages au sort malheureusement je suis souvent tombé sur bien plus fort que moi. Je les ai accrochés, mais ça ne passait pas encore. »

Ses objectifs pour 2014 ;

« Continuer en espérant que ça tourne. D’ici la fin de saison prochaine, être sous les 500 serait bien. Mieux gérer les points importants et travailler sur mon coup droit. Je l’ai, mais c’est surtout dans la tête que ça joue. »

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Sa structure de travail et ses entraînements ;

« J’ai deux coachs, un qui gère la préparation physique et l’autre le tennis, ils ne viennent pas avec moi sur les tournois. Après, je vois des kinés mais je n’en ai pas d’attribué personnellement. ça dépend des périodes pour les entraînements, en ce moment je suis dans une période physique ; donc trois semaines avec physique deux fois par jour plus un tennis, avant de partir sur ma tournée des futures français dont Bagnoles-de-l’Orne. »

Son meilleur souvenir sur le circuit ;

« Mon meilleur résultat, ma demi-finale au Future de Plaisir. J’avais eu  beaucoup de chance dans le tableau, je perds un match très serré mais maintenant, il faut que je fasse mieux que demi. »

Ce qu’il préfère sur le circuit ;

« Jouer des matchs intéressants, contre des top 200 voire des top 100. Paul-Henri Mathieu à Caen, d’autres moins connus. Parfois tu joues dans des conditions sympas, avec pas mal de public, tu te fais forcément plaisir. Mais comme je reste surtout sur les Futures, ce n’est pas encore trop arrivé. »

Ce qu’il trouve le plus dur sur le circuit ;

« Les conditions. Pour l’instant je ne fais que des Futures, et quand tu pars en Roumanie par exemple, que tu dois tout gérer et que tu te retrouves à jouer sur des terrains qui ne sont pas des terrains, où tu risques l’entorse à chaque déplacement brusque… Sans compter les balles qui pourraient être des balles pour chiens tant elles sont usagées… Financièrement, même si je n’ai pas un très gros budget je m’en sors bien. »

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Son tournoi préféré (que celui qui n’a pas deviné en m’ayant suivie début décembre soit banni d’ici) ;

« Tu le connais. L‘Open de Caen au Zénith. Je joue devant 3000-3500 personnes, devant ma famille, mes amis, contre de gros joueurs du top 100. C’était la troisième année que je le jouais, toujours sans avoir réussi à  gagner un match (rires). »

Un ou plusieurs joueurs qu’il admire ;

« Wawrinka pour son style de jeu, son revers à une main. Nadal pour sa combattivité et son attitude, comme pour ce matin où je m’en suis sorti uniquement en m’accrochant. »

Un qu’il a du mal à voir, même en peinture… ;

« Murray. C’est un type qui renvoie une image exécrable, antipathique, peu le supportent et je ne fais pas partie des ces gens-là. »

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En double ;

« J’ai remporté un tournoi avec Yannick Thivant et fait une demi avec Mathieu Rodrigues (en itw ici NDLR). C’est un très bon partenaire de double, mais il a un peu de mal sur les retours de coup droit (j’espère qu’il le lira). Lorsque je joue en simple sur tournoi, je fais le double aussi si c’est possible. »

Le rêve c’est…;

« RolandGarros. Ma surface préférée est la terre battue, je m’entraîne toute l’année dessus. Donc voilà, un Grand Chelem sur terre battue serait parfait. »

Sait-il que les notifications Twitter par mail sont désactivables ?

« Oui, mais trop compliqué pour moi (rires). »

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Après sa finale contre un joueur classé 1/6, remportée 6/4 6/1 lui permettant de récupérer son titre à Dinard, Maxime conclue qu’il joue mieux quand je ne suis pas là. C’était un plaisir de m’être déplacée… 😉

Plus sérieusement, l’adversaire avait dans les jambes sa demi très disputée du matin, les nerfs à vif malgré une bonne puissance de frappe. Mais comme l’a dit une personne du TC « on n’est pas -30 par hasard ».

Propos recueillis à Dinard le 30/12/13

(photos qualité médiocre, qualité iPhone, qualité vitre sale devant moi)

Margaux